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En septembre 2025, le Sénégal a enregistré une progression significative de ses exportations, avec un montant total de 420,8 milliards de FCFA, soit une augmentation de 4 % par rapport au mois précédent. Ces données, publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), semblent témoigner d’une dynamique encourageante dans les échanges commerciaux du pays.
Pourtant, derrière ces chiffres prometteurs se dissimule une réalité plus préoccupante : le pays s’appuie de manière croissante sur les produits pétroliers, dont la stabilité reste incertaine. Cette situation interroge sur la capacité de l’économie sénégalaise à résister aux chocs externes sur le long terme.
Les ventes de produits pétroliers, hors pétrole brut, ont connu une hausse spectaculaire, atteignant 95,3 milliards de FCFA. Si cette performance contribue à gonfler les statistiques, elle expose également le Sénégal à des risques majeurs. Les cours du pétrole, soumis à des fluctuations imprévisibles, pourraient compromettre cette croissance apparente. D’autres secteurs, comme les crustacés, les mollusques, le titane ou les conserves de poisson, bien que présents, ne suffisent pas à équilibrer la balance. L’économie nationale, à l’image d’un édifice construit sur des fondations fragiles, pourrait vaciller face à une crise économique ou à une baisse des prix de l’énergie.
Parallèlement, les importations ont reculé de 2,9 %, une tendance qui ne reflète pas nécessairement une amélioration de la situation économique. La réduction des achats de produits de première nécessité, tels que le riz ou les médicaments, révèle au contraire une vulnérabilité accrue. Malgré une légère amélioration, le solde commercial reste déficitaire, preuve que les recettes générées par les exportations ne couvrent pas les besoins internes. Cette dépendance excessive à un secteur volatile contraste avec les stratégies adoptées par d’autres pays en développement, qui misent sur la diversification pour sécuriser leur croissance.
Les économistes soulignent que les nations dont les exportations reposent sur un nombre limité de produits sont les plus exposées aux crises. Le Sénégal, en concentrant ses efforts sur des ressources aussi instables que les hydrocarbures, s’expose à des revers brutaux. Les tensions géopolitiques ou les variations de la demande mondiale pourraient, à tout moment, inverser la tendance actuelle. Les exemples de pays ayant réussi à diversifier leur économie, comme le Maroc avec son industrie automobile, démontrent l’importance de s’appuyer sur des secteurs plus stables.
Pour éviter un scénario de crise, le Sénégal doit urgemment repenser son modèle économique. L’agriculture, le tourisme ou les nouvelles technologies offrent des alternatives plus durables. Ces secteurs, moins sensibles aux aléas des marchés internationaux, pourraient constituer des piliers solides pour l’avenir. Les décideurs politiques, les entrepreneurs et la société civile ont un rôle clé à jouer dans cette transition. Leur mobilisation est indispensable pour construire une économie résiliente, capable de résister aux turbulences.
Les chiffres de septembre 2025 doivent servir d’alerte : une croissance fondée sur des ressources volatiles est par nature éphémère. Sans une diversification rapide et ambitieuse, le Sénégal risque de voir ses progrès récents s’effriter. La priorité doit être donnée à des filières créatrices de valeur ajoutée et moins dépendantes des fluctuations extérieures. Seule une telle approche permettra d’assurer une prospérité durable et de protéger le pays contre les chocs économiques futurs.
La situation actuelle appelle à une prise de conscience collective. Les acteurs économiques et les pouvoirs publics doivent unir leurs forces pour promouvoir des investissements dans des domaines porteurs. L’enjeu n’est pas seulement économique, mais aussi social : la stabilité du pays en dépend.
En s’inspirant des succès observés ailleurs, le Sénégal peut transformer cette période de croissance en une opportunité pour bâtir une économie plus équilibrée et pérenne. L’heure n’est plus à l’optimisme aveugle, mais à l’action concertée pour garantir un avenir prospère.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Salif Faye.
Mis en ligne : 30/10/2025
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