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Alors que la COP30 s’ouvre à Belém, au Brésil, les médias britanniques The Guardian et Carbon Brief révèlent un scandale de plus en plus criant : les fonds climatiques, censés soutenir les pays les plus pauvres face au dérèglement climatique, profitent en réalité à des puissances émergentes comme la Chine et les Émirats arabes unis. En 2021 et 2022, la Chine a reçu 3 milliards de dollars de financements climatiques, les Émirats plus d’un milliard, tandis que les 44 pays les plus pauvres du monde n’ont bénéficié que d’un cinquième des fonds alloués, principalement sous forme de prêts plutôt que de subventions. Ces chiffres illustrent une réalité amère : les conférences climatiques sont devenues des arènes où les pays riches et les émergents négocient entre eux, laissant les plus vulnérables sans voix ni ressources.
En 2009, les pays industrialisés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement. Cet objectif n’a été atteint qu’en 2022, avec deux ans de retard. Pire, la répartition de ces fonds est profondément inéquitable : seulement 20% des financements ont été alloués aux pays les plus pauvres, souvent sous forme de prêts qui alourdissent leur dette. Pendant ce temps, des pays comme la Chine, deuxième économie mondiale et premier émetteur de CO₂, ou les Émirats, riche État pétrolier, captent des milliards de dollars destinés à l’adaptation climatique. La classification des pays éligibles, figée depuis 1992, n’a pas évolué malgré l’essor économique fulgurant de certains bénéficiaires.
À Belém, les débats sur les fonds climat sont dominés par les pays donateurs et les grands émergents. Les 44 pays les plus pauvres, pourtant en première ligne face aux catastrophes climatiques, n’ont aucun poids réel dans les négociations. Les annonces tonitruantes (100 milliards de dollars, puis 1 300 milliards d’ici 2035) masquent une réalité sordide : l’argent ne va pas là où il devrait, et les mécanismes de contrôle sont inexistants. Les banques multilatérales et les intérêts politiques dictent souvent les bénéficiaires, au détriment des besoins réels. Ainsi, le Bangladesh et l’Angola reçoivent 95% de leurs fonds climat sous forme de prêts, aggravant leur endettement et leur vulnérabilité.
Les États industrialisés, principaux responsables du réchauffement, utilisent les fonds climat comme outil de diplomatie économique. Le Japon, par exemple, finance massivement les Émirats, partenaire stratégique, plutôt que les pays africains ou insulaires en détresse.
Les pays fragiles, comme ceux du Sahel ou d’Afrique centrale, dénoncent leur marginalisation dans l’accès aux financements. À la COP30, des États comme le Burundi ou la Somalie appellent à une réforme urgente des mécanismes d’allocation, soulignant que les fonds climatiques les « excluent » systématiquement.
Les subventions, pourtant essentielles pour les pays sans capacité de remboursement, ne représentent que 28% des fonds climat. Le reste est composé de prêts, souvent à taux standards, qui profitent aux pays riches via les intérêts.
Cette situation rappelle d’autres mécanismes internationaux où les plus puissants dictent les règles. Comme dans le commerce mondial ou l’aide au développement, les pays pauvres sont réduits au rôle de spectateurs, tandis que les émergents et les riches négocient des accords qui les avantagent. À la COP29, les pays du Golfe ont même créé leurs propres fonds, échappant à toute gestion multilatérale.
La COP30 doit marquer un tournant. Il faut réformer en profondeur la gouvernance climatique : réviser la liste des pays éligibles, imposer des subventions pour les plus vulnérables, et instaurer des contrôles transparents sur l’allocation des fonds. Sans cela, les conférences climatiques resteront un théâtre d’ombres, où les plus pauvres paient la note d’une crise qu’ils n’ont pas créée. La justice climatique ne sera pas une réalité tant que les fonds ne serviront pas ceux qui en ont le plus besoin.
Article opinion écrit par le créatrice de contenu : Demba Fall.
Mis en ligne : 05/12/2025
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