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L’audience récente accordée par le Président Bassirou Diomaye Faye au Bureau politique de Pastef aurait dû marquer un moment d’unité et de clarification pour le parti au pouvoir. Pourtant, l’absence inexpliquée d’Ousmane Sonko, président du Bureau politique et figure centrale du mouvement, a transformé cet événement en symbole d’une crise profonde. Cette absence, loin d’être anodine, révèle une incapacité structurelle de Pastef à gérer le pouvoir et ses contradictions internes.
Le Pastef est né d’une promesse de rupture avec les pratiques politiques sénégalaises traditionnelles, portées par une jeunesse en quête de transparence et d’efficacité. Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir en mars 2024, le parti est secoué par des tensions internes, des querelles de leadership et une absence de cohésion qui rappellent étrangement les travers des partis qu’il critiquait. La réunion du Bureau politique avec le chef de l’État, censée apaiser les tensions, a au contraire mis en lumière une fracture entre Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, deux figures emblématiques dont les divergences menacent désormais la stabilité du parti et du pays.
Les récentes tensions entre Faye et Sonko, notamment autour de la gestion de la coalition présidentielle et de la nomination de responsables, ont éclaté au grand jour. Le limogeage contesté d’Aïda Mbodj, proche de Sonko, et son remplacement par Aminata Touré, perçue comme une alliée de Faye, ont cristallisé les oppositions. Ces dissensions, loin de se limiter à des désaccords ponctuels, révèlent une lutte de pouvoir qui fragilise l’action gouvernementale et discrédite le parti aux yeux de l’opinion publique.
L’absence de Sonko à cette audience stratégique est un signe avant-coureur d’un échec plus large. En refusant de participer à un rendez-vous institutionnel majeur, Sonko envoie un message clair : le parti est divisé, et ses dirigeants peinent à s’entendre sur une ligne commune. Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres transitions politiques africaines, où les divisions internes ont souvent conduit à l’effondrement de jeunes partis prometteurs.
En Afrique, les exemples de partis qui ont échoué à surmonter leurs contradictions internes sont légion. Au Bénin, la transition démocratique des années 1990 est souvent citée comme un succès, grâce à la capacité des acteurs à dépasser leurs divergences pour construire un projet commun. À l’inverse, dans des pays comme le Mali ou la Guinée, les luttes de pouvoir au sein des partis ont souvent débouché sur des crises institutionnelles, voire des coups d’État. Le Pastef, en reproduisant ces schémas, risque de perdre la confiance des militants et des citoyens, et de compromettre les réformes tant attendues.
L’opacité qui entoure les décisions internes, le manque de démocratie participative et l’incapacité à gérer les ego sont autant de facteurs qui minent la crédibilité du parti. Les militants, qui attendent des réponses claires, se retrouvent pris en otage par des querelles personnelles, tandis que l’opposition se frotte les mains.
L’absence de Sonko, non justifiée, affaiblit sa propre légitimité et celle du parti. Un leader qui ne se présente pas aux rendez-vous décisifs ne peut prétendre incarner l’unité.
Le silence autour de cette absence alimente les rumeurs et les spéculations, nuisant à la transparence que le Pastef prétend incarner.
Les militants, qui ont cru en un projet collectif, voient leurs espoirs déçus par des dirigeants plus préoccupés par leurs luttes de pouvoir que par l’intérêt général.
Si le Pastef ne parvient pas à résoudre ses tensions, il pourrait répéter les erreurs des partis traditionnels, discréditant ainsi son discours de rupture.
Les transitions politiques réussies, comme celle du Bénin, ont montré que la clé du succès réside dans la capacité à dépasser les divisions pour construire un projet commun. À l’inverse, les échecs, comme ceux observés au Mali ou en Guinée, sont souvent le résultat d’une incapacité à gérer les contradictions internes. Le Pastef, en s’enfermant dans ses querelles, risque de suivre cette voie périlleuse.
L’audience ratée du Palais n’est pas un incident isolé, mais le symptôme d’une crise plus profonde. Si le Pastef ne clarifie pas rapidement sa ligne et ses priorités, il pourrait bien devenir la première victime de ses propres contradictions. La question reste posée : le Pastef est-il condamné à reproduire les schémas qu’il dénonçait, ou saura-t-il se ressaisir pour incarner le changement qu’il promet ?
La réponse dépendra de la capacité des dirigeants à mettre de côté leurs ambitions personnelles pour servir l’intérêt collectif. Dans le cas contraire, le parti risque de s’enliser dans une crise durable, au détriment du Sénégal et de ses citoyens. Le temps presse : l’histoire jugera Pastef non pas sur ses promesses, mais sur sa capacité à les tenir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Sarr.
Mis en ligne : 08/12/2025
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