Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Les déclarations tonitruantes du député Cheikh Bara Ndiaye dans l’émission Taku Show sur Walf TV ont, une fois de plus, agité le paysage politique sénégalais. Accusant le président Bassirou Diomaye Faye de manœuvres secrètes pour affaiblir Ousmane Sonko et diviser Pastef, l’élu se présente en courageux dénonciateur, porteur de « révélations explosives ». Pourtant, à y regarder de plus près, ses propos ne sont que le recyclage de rumeurs déjà anciennes, habilement emballées pour faire sensation. Derrière l’effet d’annonce, où sont les preuves ? Où est la nouveauté ? En réalité, Cheikh Bara Ndiaye ne fait qu’alimenter les spéculations, sans apporter le moindre élément concret. Son intervention relève moins du courage politique que d’une stratégie médiatique bien huilée, mais creuse.
Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye en 2024, les relations entre le président et son Premier ministre, Ousmane Sonko, sont scrutées à la loupe. La réorganisation de la coalition « Diomaye Président », marquée par l’arrivée d’Aminata Touré à sa tête, a effectivement suscité des remous au sein de Pastef. Des divergences sur des nominations, des rapports de contrôle controversés, et des ambitions politiques divergentes ont nourri les tensions. Mais ces débats ne datent pas d’hier. Ils sont connus, commentés, et souvent exagérés par ceux qui, comme Cheikh Bara Ndiaye, cherchent à se positionner comme les gardiens de la « vérité ».
Ce qui frappe, dans ses déclarations, c’est l’absence totale de faits nouveaux. Les accusations de divisions au sommet de l’État, les suspicions de manœuvres politiques, et les querelles de leadership au sein de Pastef circulent depuis des mois, aussi bien dans les couloirs de l’Assemblée nationale que sur les réseaux sociaux. Rien de ce qu’il avance n’est inédit. Pire, ses affirmations reposent sur des généralités (« un plan pour fracturer le parti », « des DG et des ministres visés ») sans jamais préciser de quoi il retourne exactement. À croire que le député prend les Sénégalais pour un public naïf, prêt à avaler n’importe quelle théorie du complot, pourvu qu’elle soit présentée avec suffisamment d’emphase.
Cheikh Bara Ndiaye affirme détenir des informations capitales : Diomaye Faye aurait un « plan secret » pour affaiblir Sonko, retourner des cadres politiques, et préparer sa réélection en 2029. Il cite même des noms, comme Mbagnick Diouf ou Waly Seck, accusant le président d’avoir allégé des sanctions financières pour se les attacher. Pourtant, aucune preuve n’étaye ces accusations. Aucune trace écrite, aucun témoignage crédible, aucune saisine de la justice. Juste des mots, lancés en direct à la télévision, comme si l’émotion devait remplacer les faits.
Son style est révélateur : « Je vais vous dire ce qui se passe réellement. » Une phrase qui sonne comme une promesse de transparence, mais qui cache en réalité un vide sidéral. Si ses informations sont si graves, pourquoi ne les a-t-il pas portées devant une commission d’enquête ? Pourquoi se contenter d’une émission grand public, où l’effet spectaculaire prime sur la rigueur ? La réponse est simple : parce que Cheikh Bara Ndiaye ne cherche pas à informer, mais à impressionner. Il ne veut pas éclairer le débat, mais le polariser pour servir ses propres intérêts.
L’ironie de la situation est que, en agissant ainsi, il contribue lui-même à la division qu’il prétend dénoncer. En jetant de l’huile sur le feu, il affaiblit Pastef bien plus sûrement que les prétendus « plans secrets » de Diomaye Faye. Son attitude rappelle celle de ces politiques qui, faute de propositions, misent sur le scandale pour exister. Malheureusement pour lui, les Sénégalais ne sont plus dupes. Ils savent reconnaître un coup médiatique quand ils en voient un.
Premièrement, rien de neuf sous le soleil. Les tensions entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko ne sont un secret pour personne. Les médias en parlent depuis des mois, et les observateurs politiques les analysent régulièrement. Cheikh Bara Ndiaye ne fait que répéter ce que tout le monde sait déjà, en y ajoutant une couche de dramatisation inutile. Où est le scoop ? Où est l’information qui changerait la donne ? Nulle part.
Deuxièmement, l’effet d’annonce sans lendemain. Ses accusations sont aussi originales qu’un remake de série B : un président machiavélique, un Premier ministre trahi, des cadres corrompus « sauvés » in extremis… Un scénario éculé, qui relève plus du feuilleton que de la réalité politique. Si Diomaye Faye avait vraiment mis en place un « plan » pour diviser Pastef, ne verrait-on pas des signes plus tangibles ? Des défections massives ? Des crises ouvertes ? Or, rien de tel ne s’est produit. Les efforts de réconciliation entre les deux hommes se poursuivent, malgré les obstacles. Preuve que les « révélations » de Cheikh Bara Ndiaye sont, au mieux, exagérées, au pire, purement fantaisistes.
Troisièmement, un manque de courage flagrant. Si ses informations sont si explosives, pourquoi ne les a-t-il pas transmises aux instances compétentes ? Pourquoi ne pas saisir la justice, ou au moins le bureau politique de Pastef ? Parce qu’il sait pertinemment que ses accusations ne tiendraient pas cinq minutes face à un examen sérieux. Il préfère le confort d’un plateau télé, où il peut lancer des accusations sans craindre d’être contredit.
Enfin, une ironie de trop. Cheikh Bara Ndiaye se présente comme le défenseur de Sonko et des « patriotes ». Pourtant, en alimentant les rumeurs et en jetant le discrédit sur l’exécutif, il ne fait que fragiliser le parti qu’il prétend servir. Son attitude est d’autant plus incompréhensible qu’elle intervient alors que des efforts de réconciliation sont en cours. Plutôt que de contribuer à apaiser les tensions, il les attise, comme si son seul objectif était de s’imposer comme le « résistant » de service.
Cette stratégie n’est pas nouvelle. Dans de nombreux pays, des figures politiques utilisent les médias pour lancer des accusations spectaculaires, sans preuve, dans le seul but de marquer des points. En Côte d’Ivoire, des députés ont souvent recouru à ce genre de tactique pour discréditer leurs rivaux au sein du RHDP. En France, certains élus de La République en Marche (devenu Renaissance) ont joué le même jeu contre Emmanuel Macron, accusé de « trahison » ou de « complot » contre ses propres ministres. À chaque fois, le résultat est le même : un bruit médiatique éphémère, suivi d’un oubli rapide, une fois que l’absence de preuves est devenue évidente.
Au Sénégal, l’histoire se répète. Cheikh Bara Ndiaye s’inscrit dans une longue lignée de « lanceurs d’alerte » autoproclamés, qui confondent dénonciation et démagogie. Comme ses prédécesseurs, il finira par être rattrapé par les faits. Ou plutôt, par leur absence.
Cheikh Bara Ndiaye avait l’occasion de se montrer à la hauteur des enjeux. Il a préféré le chemin facile : celui des accusations faciles et des effets d’annonce. Ses « révélations » ne sont que du vent, un remue-ménage médiatique sans lendemain. Plutôt que de jouer les pyromanes, il ferait mieux de proposer des solutions pour apaiser les tensions au sein de Pastef. Mais visiblement, la recherche de la vérité l’intéresse moins que la recherche des caméras.
Les Sénégalais méritent mieux que ces spectacles politiques. Ils méritent des débats sérieux, étayés par des faits, et non des polémiques stériles. Cheikh Bara Ndiaye aurait pu être un acteur de cette exigence. Il a choisi d’en être le fossoyeur. À lui d’assumer les conséquences de ce choix.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 10/12/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





