L’exemple d’un leadership apaisé : Ousmane Sonko et l’art du débat Républicain - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Maimouna | Publié le 18/12/2025 10:12:15

L’exemple d’un leadership apaisé : Ousmane Sonko et l’art du débat Républicain

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Lors d’une récente séance à l’Assemblée nationale, un épisode a marqué les esprits : Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, a publiquement félicité Tafsir Thioye, député de l’opposition (PDS), pour la qualité de ses interventions, « basées sur de la connaissance et des chiffres ». Cette reconnaissance, rare dans un paysage politique souvent tendu, mérite d’être saluée. Elle illustre une posture exceptionnelle, celle d’un dirigeant qui valorise le débat constructif, même avec ses adversaires. Dans un contexte où les affrontements stériles et les boycotts minent trop souvent le dialogue démocratique, l’attitude de Sonko offre une lueur d’espoir. Cette démarche, à la fois républicaine et pragmatique, renforce la crédibilité du Premier ministre et montre sa volonté de gouverner pour tous les Sénégalais, au-delà des clivages partisans.

Le Sénégal, comme beaucoup de démocraties africaines, est traversé par des tensions politiques récurrentes. Les séances parlementaires sont fréquemment le théâtre de boycotts, d’injures, ou de polémiques inutiles. Récemment, une partie de l’opposition a choisi de boycotter les questions au gouvernement, tandis que d’autres, comme Tafsir Thioye, ont préféré engager un dialogue exigeant mais respectueux. Ce député, reconnu pour sa pondération et sa maîtrise des dossiers, incarne une opposition responsable, capable de critiquer sans tomber dans la caricature ou l’insulte. Son intervention a d’ailleurs été saluée non seulement par Sonko, mais aussi par le ministre des Finances, Cheikh Diba, qui a souligné son « équilibre » et son « sens de l’intérêt général ».

Cette scène contraste avec d’autres épisodes, comme les attaques verbales de Pape Djibril Fall, qui a qualifié le gouvernement de « yambar » (terme péjoratif en wolof), ou les tensions internes au sein même de la majorité présidentielle. Dans un tel environnement, la capacité à reconnaître la valeur d’un adversaire politique devient un acte fort, presque révolutionnaire.

Ousmane Sonko a clairement affirmé : « Je n’agresse personne, mais je ne suis pas non plus quelqu’un qui se laisse faire. À ces gens [qui apportent des arguments clairs], nous répondons de la manière la plus républicaine possible, avec des éclaircissements et des chiffres. » Cette déclaration résume sa philosophie : répondre aux critiques par des faits, et non par des attaques personnelles. En félicitant Tafsir Thioye, il envoie un message double : d’une part, il valorise la rigueur et la compétence ; d’autre part, il trace une ligne rouge entre le débat d’idées et la polémique stérile.

Cette posture n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une volonté de restaurer la confiance dans les institutions, en montrant que l’Assemblée nationale peut être un lieu d’échange et non de guerre. Tafsir Thioye lui-même est souvent cité comme l’un des rares députés à dépasser les clivages, privilégiant l’analyse à la posture. Son approche, fondée sur la nuance et le respect des procédures, est d’autant plus remarquable qu’elle est rare. Comme le souligne un observateur, « les députés capables de recul ne sont pas nombreux ».

En reconnaissant publiquement un opposant, Sonko montre qu’il ne craint pas la contradiction. Il incarne ainsi une forme de leadership moderne, où l’autorité se construit par la capacité à écouter et à répondre, plutôt que par l’autoritarisme ou l’évitement.

Répondre par des chiffres et des arguments concrets, comme l’a fait Sonko, renforce la légitimité de son action. Cela contraste avec les pratiques de certains dirigeants africains, où le débat parlementaire est souvent réduit à une chambre d’enregistrement ou à un théâtre de confrontations stériles.

Cette attitude peut encourager d’autres députés, y compris dans l’opposition, à adopter une posture plus constructive. Elle crée un cercle vertueux, où le respect mutuel devient la norme, et non l’exception.

Dans une Afrique de l’Ouest souvent marquée par des crises politiques et des coups de force, le Sénégal, sous l’impulsion de Sonko, pourrait devenir un exemple de démocratie apaisée, où le dialogue prime sur l’affrontement.

À l’échelle du continent, les exemples de débats parlementaires apaisés et productifs sont encore trop rares. Dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso ou la Guinée, les transitions politiques récentes ont souvent été accompagnées de violences ou de ruptures institutionnelles. Le Sénégal, avec son histoire démocratique solide, a l’opportunité de montrer qu’une autre voie est possible : celle d’un exécutif qui dialogue avec le législatif, et d’une opposition qui joue pleinement son rôle sans tomber dans l’obstruction systématique.

En France, par exemple, les débats parlementaires sur les relations avec l’Afrique sont souvent critiqués pour leur manque de profondeur et leur instrumentalisation politique. Le Sénégal, en valorisant des figures comme Tafsir Thioye et en encourageant le débat factuel, pourrait inspirer une nouvelle génération de dirigeants africains.

L’épisode entre Ousmane Sonko et Tafsir Thioye n’est pas qu’anecdotique. Il symbolise une possible refondation du débat politique sénégalais, où la compétence, le respect et l’intérêt général priment sur les calculs partisans. En saluant un opposant, Sonko ne fait pas que rendre hommage à un député : il pose les bases d’une gouvernance plus inclusive et plus efficace.

Pour que cette dynamique perdure, il faudra que d’autres acteurs politiques s’en inspirent. Mais une chose est sûre : dans un contexte où la défiance envers les élites est forte, cette posture est un atout majeur. Elle prouve qu’il est possible de concilier fermeté et ouverture, conviction et dialogue. En cela, Ousmane Sonko donne une leçon de démocratie, non seulement au Sénégal, mais à toute la région.

Cette approche suffira-t-elle à transformer durablement les pratiques politiques sénégalaises ? L’avenir le dira, mais une chose est certaine : elle mérite d’être encouragée et saluée. Le Sénégal a tout à y gagner.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mouhamed Diop.
Mis en ligne : 18/12/2025

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