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Je ne pensais jamais écrire un jour pour raconter ma vie. Mais depuis quelques semaines, je me sens étouffée, incomprise, piégée dans mon propre foyer. Peut-être qu’en posant des mots, j’arriverai enfin à comprendre ce qui m’arrive. Ou au moins à me libérer de ce poids qui me ronge.
Mon mari veut me quitter. Pas parce que je l’ai offensé, ni parce que j’ai manqué à mes devoirs, ni même parce que je lui ai donné une raison valable. Non. Il veut partir parce que, selon lui, je suis “devenue trop belle”.
Tout a commencé quand j’ai décidé de reprendre ma vie en main. Après des années à courir entre le travail, les enfants, la maison, les remarques de la belle-famille… j’avais fini par m’oublier. Un matin, en me regardant dans le miroir, je ne me suis pas reconnue. Fatiguée, négligée, éteinte. Alors j’ai changé.
J’ai recommencé à aller au salon, j’ai racheté quelques boubous modernes, ajustés mais pas provocants, j’ai pris soin de mes cheveux, de ma peau. Rien d’extraordinaire, juste un retour vers moi-même. Et, pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie vivante.
Mais lui… lui a changé aussi. Avant, il me complimentait. Aujourd’hui, il m’observe comme si j’étais devenue une menace. Il rentre à la maison le visage fermé, il pose des questions inutiles, accuse des intentions que je n’ai jamais eues.
Un soir, à table, il a lâché la phrase qui m’a transpercée : Moi, je préfère partir avant qu’un autre m’humilie. Trop d’hommes te regardent maintenant. Un jour, tu vas succomber. Et moi, je ne serai pas là à attendre d’être le dindon de la farce.
Je suis restée figée. Je n’ai jamais trahi sa confiance, jamais donné la moindre raison de douter de moi. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour me sentir mieux, pour que notre couple respire aussi. Mais plus je m’épanouissais, plus lui se renfermait.
Il a commencé à critiquer mes tenues. « Pourquoi tu mets ce pagne moulant ? Depuis quand tu portes des tops comme ça ? » Ou encore : « Toi aussi, essaie d’être simple comme avant. On dirait que tu veux attirer tout Dakar. » Dakar, pourtant, ne m’a jamais manqué de respect. Ce sont ses peurs à lui qui prennent toute la place.
Je me retrouve coincée dans un dilemme que je n’aurais jamais imaginé : Dois-je redevenir l’ombre de moi-même pour apaiser ses insécurités ? Ou dois-je rester fidèle à celle que j’ai enfin réussi à redevenir, même si cela signifie perdre mon mariage ?
Ma mère m’a dit : « Sama doom, un homme qui tremble quand sa femme s’épanouit n’a pas confiance en lui. » Ma meilleure amie, elle, m’a simplement serrée dans ses bras. Mais aucune des deux ne dort à côté de lui. Aucune ne connaît l’amour que je lui porte depuis dix ans, ni les promesses qu’on s’était faites sous la tente, le soir de notre mariage à Pikine.
Je ne veux pas perdre mon foyer. Je ne veux pas être celle qu’on montre du doigt en disant : “Son mari l’a laissée parce qu’elle faisait trop la belle.” Mais je ne veux plus être cette femme qu’on enferme dans la peur, la culpabilité et la honte d’être elle-même.
Aujourd’hui encore, il m’a lancé : Réfléchis bien. Moi, je n’aime pas cette nouvelle version de toi. Et moi, j’ai pensé très fort, sans oser le dire : Moi, j’aime enfin cette version de moi. Et j’ai peur que ce soit ça, le vrai problème.
Je suis perdue. Entre l’amour que j’ai pour lui… et le respect que je dois à ma propre personne. Je ne sais pas encore quel chemin choisir.
Mais je sais une chose : je mérite d’être aimée sans être diminuée. Et si c’est trop demander… alors peut-être que ce n’est pas moi, mais mon mariage qui doit changer.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 23/12/2025
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