Le réalisateur et scénariste Jean-Charles Tacchella est décédé jeudi « dans son sommeil », à son domicile de Versailles, à l’âge de 98 ans, a appris l’AFP auprès de sa famille vendredi.
Auteur de 11 longs-métrages, cet ancien président de la Cinémathèque française avait obtenu, pour son film le plus connu, « Cousin, cousine » (1975), une nomination aux Oscars et le prix Louis-Delluc.
Ancien président de la Cinémathèque française (2000-2003) et auteur de nombreux scénarios, il avait rédigé pour Gérard Oury la première version de « La Grande Vadrouille ». Il a aussi écrit des pièces de théâtre et travaillé pour la télévision, participant à l’écriture de la série « Vive la vie » et à des épisodes de la série « Chez Maupassant ».
Il considérait que son travail était « en marge des vagues et des modes » et qu’il « mêlait le rire et l’émotion » : « Je ne peux pas concevoir qu’en faisant un film noir, un jour, je ne puisse pas y mettre de l’humour ».
Né le 23 septembre 1925 à Cherbourg (Manche), Jean-Charles Tacchella passe son adolescence à Marseille auprès de sa famille originaire de Gênes, en Italie. La guerre ne l’empêche pas de fréquenter les salles obscures. À la Libération, le jeune homme s’installe à Paris pour faire du cinéma, sa vocation. Lorsque L’Écran Français est créé, il saute sur l’occasion et devient critique dans cet hebdomadaire.
Il sera ensuite un des piliers d’ « Objectif-49 » ciné-club d’avant-garde présidé par Jean Cocteau, à l’origine de la future Nouvelle vague. Il n’accédera que tardivement à la réalisation : « J’ai beaucoup plus de (scénarios de) films non tournés que tournés, il m’arrive de filmer en rêve, mais enfin, ça ne va pas loin » avait-il déclaré.
Sa carrière débute avec un court-métrage, « Les derniers hivers », qui obtient le prix Jean-Vigo 71. Ce n’est qu’en 1973, à près de 50 ans, qu’il boucle son premier long-métrage, « Voyage en Grande Tartarie » avec Jean-Luc Bideau.
Amateur d’histoires impliquant une profusion de personnages, Tacchella va filmer des personnages attachants mais capables de férocité, dont les liens se font et se défont au gré des infidélités et des coups de foudre.
En témoigne son film le plus connu, « Cousin, cousine », tourbillon de sentiments rythmé par les anniversaires, mariages et enterrements. Cette histoire d’un trouble entre une jeune femme et son cousin qui va désorganiser la famille est nominée aux Oscars 1977 dans les catégories meilleur film étranger, scénario et actrice (Marie-Christine Barrault). Il fera l’objet d’un remake (« Cousins ») par Joël Schumacher en 1989.
« Le Pays bleu » (1977, avec Brigitte Fossey), « Il y a longtemps que je t’aime » (1979, avec Jean Carmet) ou « Croque la vie » (1981, avec Carole Laure et Bernard Giraudeau) relèvent d’une même tonalité à la fois joviale et ironique. « Escalier C » (1985, avec Robin Renucci et Jean-Pierre Bacri) est aussi un de ses films marquants, entre cinéma populaire et cinéma d’auteur. Deux fois nominé aux César, il relate la vie d’un immeuble parisien où plusieurs histoires d’amour et de mépris s’entrecroisent.
Article écrit par : Cira Sow
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