Le rapport de la Cour des Comptes publié le 13 février 2025 constitue un moment clé pour le Sénégal en matière de gouvernance financière. Il présente une analyse détaillée des finances publiques de 2019 à 2024, offrant une opportunité sans précédent pour réformer en profondeur les mécanismes de gestion budgétaire et financière. Toutefois, la portée de ce rapport va au-delà de la simple publication de chiffres : il soulève des questions cruciales sur la transparence et la responsabilité des autorités publiques dans la gestion des fonds publics.
L’initiative de la Cour des Comptes est à saluer. C’est la première fois que le Sénégal bénéficie d’un audit exhaustif de ses finances publiques, permettant ainsi de mettre en lumière les anomalies de gestion. Ce rapport est un véritable outil de contrôle qui offre au gouvernement l’opportunité de corriger les dérives financières et d’améliorer la transparence des dépenses publiques. Il est évident que ce travail expose plusieurs lacunes, notamment au niveau des recettes et des dépenses fiscales, mais aussi des processus de gestion de la dette publique. La publication du rapport n’est donc pas simplement une formalité, mais un appel à l’action.
Cependant, cette démarche ne sera fructueuse que si la société civile et les citoyens s’emparent de ces informations et exigent des réformes réelles. Le rôle des citoyens est déterminant, car ils doivent veiller à ce que la lumière soit faite sur toutes les anomalies révélées par la Cour des Comptes. Il ne s’agit pas seulement d’un rapport technique, mais d’un levier pour renforcer la gouvernance et la lutte contre la corruption au Sénégal. En exigeant des comptes clairs et des actions concrètes de la part du gouvernement, les Sénégalais peuvent être les garants de l’intégrité du processus.
Les préoccupations soulevées par la Cour des Comptes, comme les irrégularités dans le rattachement des recettes ou la gestion de la trésorerie et de l’endettement, doivent être prises au sérieux. L’analyse des dépenses publiques fait ressortir des anomalies inquiétantes, dont certaines impliquent des transferts d’argent au profit de services non personnalisés de l’État ou des discordances dans les données financières fournies par différentes institutions. Il est essentiel que ces points soient éclaircis et que des mesures soient prises pour corriger les écarts observés.
Le rapport met également en évidence la gestion opaque de certaines dettes bancaires, qui ont été contractées hors circuit budgétaire. Ces pratiques soulèvent des interrogations sur la responsabilité des ministres et des fonctionnaires impliqués, ainsi que sur la destination exacte des fonds engagés. À cet égard, l’État doit absolument faire toute la lumière sur ces opérations et sanctionner toute irrégularité. Les citoyens doivent exiger que les responsables de ces dérives soient identifiés et jugés de manière transparente.
Enfin, l’objectif ultime de ce rapport est de mener le Sénégal vers une gestion plus rigoureuse et responsable de ses finances publiques. Il ne suffit pas de constater les dérives ; il faut impérativement mettre en place des réformes structurelles pour éviter que de telles situations se reproduisent. La Cour des Comptes a accompli un travail précieux, mais il doit être suivi de mesures concrètes, y compris des enquêtes judiciaires approfondies. Seule une véritable volonté politique permettra de rétablir la confiance et d’assurer un avenir financier plus stable pour le pays.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Bara Mbodj.
Mis en ligne : 21/03/2025
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