Cela fait huit ans que je partage ma vie avec un homme que j’ai rencontré à une période très difficile de mon existence. À l’époque, je venais de sortir d’un deuil familial et j’étais totalement perdue. Lui, il est arrivé comme un pilier. Il n’a peut-être pas fait de longues études, mais il a une intelligence de la vie et un cœur rare. C’est lui qui m’a encouragée à reprendre mes ambitions, à poursuivre mes études, et surtout, à ne jamais me contenter de peu.
On avait un plan : je devais terminer mes études, décrocher un emploi, et ensuite on se marierait. Il a toujours cru en moi. C’est même lui qui a géré toute la procédure de Campus France. Il a économisé franc par franc pour mettre la caution exigée. Je n’oublierai jamais ce jour où il m’a dit : « Va, fais ce que tu dois faire. Moi je t’attendrai. »
Et il a attendu. Pendant trois ans.
Aujourd’hui, j’ai terminé mon master. J’ai eu un CDI en France. Je suis stable. Lui est toujours là, fidèle, aimant, pressé que l’on concrétise notre union. Mais moi… je doute.
Je doute parce qu’entre-temps, mon entourage ici a changé. Mes amies, étudiantes ou jeunes professionnelles comme moi, ont vu sa photo et ont souri : « Il est petit, non ? » « C’est lui ton gars ? » « Mais il a quel niveau d’étude ? » Et là, la honte s’est immiscée en moi, doucement. Lui n’a même pas le BEPC. Est-ce que je peux vraiment construire un avenir avec un homme qui n’a pas mon niveau ? Est-ce qu’un jour, il ne finira pas par se sentir inférieur ? Complexé ? Est-ce que je ne finirai pas par le mépriser malgré moi ?
Je culpabilise. Parce que je sais d’où je viens. Et je sais que je ne serais peut-être pas là aujourd’hui sans lui. Mais je suis aussi lucide sur mes propres changements. J’ai évolué. Ma vie, mes cercles, mes ambitions, tout a changé. Et je ne sais plus s’il fait encore partie de ce nouveau décor.
Au Sénégal, beaucoup diraient : « Naxal ko, booy liggéey ! » (Épouse-le, surtout qu’il t’a soutenue). Mais est-ce que cela suffit ? Est-ce que la reconnaissance doit être confondue avec l’amour ? Est-ce qu’on se marie par dette morale ?
Aujourd’hui, je suis face à un dilemme douloureux : écouter mon cœur, ma conscience… ou céder à la pression sociale, au regard des autres, à cette peur d’être une ingrate ?
Je n’ai pas encore pris de décision. Mais je prie que Dieu me guide, parce que je veux faire le bon choix — pour moi, pour lui, et pour la vie à deux que nous avions imaginée.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 07/07/2025
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