Accusé de nourrir des ambitions personnelles, Serigne Saliou Guèye, directeur de publication du journal Yoor-Yoor, a récemment pris la parole pour tenter de dissiper les soupçons. Dans une intervention, il a révélé avoir décliné un poste de directeur général proposé il y a 14 mois, affirmant avoir préféré se consacrer à son média. Mais cette déclaration soulève plus de questions qu’elle n’en résout. Car à y regarder de près, les ambitions de Serigne Saliou Guèye, loin d’être éteintes, transparaissent dans le timing même de cette sortie médiatique.
Depuis quelque temps, les ambitions de Serigne Saliou Guèye sont remises en cause par plusieurs militants du parti Pastef. Ces derniers lui reprochent des attaques ciblées contre certains directeurs généraux issus des rangs du pouvoir, et soupçonnent derrière ces critiques un désir inavoué de se positionner pour des postes de responsabilité.
Le journaliste, en réponse, a choisi de médiatiser un refus de nomination vieux de plus d’un an. Pourquoi maintenant ? La coïncidence avec la montée des critiques laisse penser à une opération de rattrapage destinée à redorer son image.
Dans sa déclaration, il insiste : il aurait pu percevoir « 4 millions par mois » s’il avait accepté. Ce détail, loin d’être anodin, introduit une dimension comparative : celle du sacrifice financier supposé qu’il aurait consenti au nom de l’indépendance éditoriale. Or, au lieu d’éteindre la polémique, cette narration conforte paradoxalement ceux qui questionnent les ambitions de Serigne Saliou Guèye. En effet, ce type d’autojustification publique, tardive et insistante, correspond aux mécanismes classiques de repositionnement dans l’espace médiatico-politique sénégalais.
Ce type de stratégie n’est pas inédit au Sénégal. D’autres figures de la presse, à l’image de Cheikh Yérim Seck ou de Mamoudou Ibra Kane, ont déjà été accusées de chevaucher la ligne fine entre journalisme d’opinion et ambitions politiques. Dans chacun de ces cas, la presse devient parfois un marchepied pour entrer dans les sphères du pouvoir. Les ambitions de Serigne Saliou Guèye doivent donc être lues à travers cette grille de lecture historique et contextuelle.
Se présenter comme un rempart contre le clientélisme tout en révélant publiquement avoir été approché pour un poste convoité est en soi un paradoxe. Si l’intérêt personnel n’est pas en jeu, pourquoi insister autant ? Si son attachement à Yoor-Yoor est sincère, pourquoi rappeler une offre datant de 14 mois ? Les ambitions de Serigne Saliou Guèye, même si elles sont niées, s’expriment indirectement dans ce besoin de justification publique, qui tranche avec la retenue que l’on pourrait attendre d’un journaliste indépendant et détaché du pouvoir.
En définitive, cette sortie médiatique censée dissiper les critiques ne fait qu’alimenter les spéculations sur les ambitions de Serigne Saliou Guèye. En politique comme dans les médias, le silence peut être plus éloquent que le verbe. Et lorsqu’on choisit de parler, encore faut-il que le message soit cohérent avec la posture que l’on revendique. Dans ce cas précis, l’autojustification risque fort d’avoir l’effet inverse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Matar Touré.
Mis en ligne : 07/07/2025
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