Un projet technique qui déçoit : Politique agricole au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Agriculture | Par Eva | Publié le 17/07/2025 08:07:30

Un projet technique qui déçoit : Politique agricole au Sénégal

Depuis plusieurs décennies, la politique agricole au Sénégal fait face à une crise profonde, marquée par une insécurité alimentaire chronique. Cette situation est aggravée par le changement climatique, l’urbanisation rapide, mais surtout par l’abandon progressif d’une politique agricole souveraine.

Aujourd’hui, le Sénégal importe plus de 70 % de son riz, aliment de base pourtant cultivé sur des terres arables sous-exploitées ou accaparées. Cette crise alimentaire n’est donc pas fortuite : elle est la conséquence directe de choix dans la politique agricole au Sénégal qui favorisent les décisions à court terme, le désengagement de l’État et une dépendance grandissante à l’aide internationale.

Le Programme de résilience du système alimentaire (FRSP) prévoit l’aménagement de milliers d’hectares et le déploiement de nombreuses technologies. Si ces chiffres impressionnent, ils occultent l’essentiel : la nécessaire refondation de la politique agricole au Sénégal. En effet, rien dans ce programme ne s’attaque aux réformes foncières indispensables, au soutien des filières vivrières locales ou à la régulation des marchés qui étouffent les petits producteurs. Ce programme contourne ainsi les véritables enjeux politiques qui minent la politique agricole au Sénégal.

Premièrement, la gouvernance agricole reste inchangée. Le programme ne fait aucune mention des inégalités d’accès à la terre ni du manque de pouvoir décisionnel des paysans dans la définition même de la politique agricole au Sénégal. Sans cette transformation institutionnelle, les financements continueront d’aller aux mêmes acteurs privilégiés : grandes exploitations, coopératives élitistes, ou prestataires externes.

Deuxièmement, la modernisation proposée est purement technocratique et déconnectée des réalités locales. La réussite de la politique agricole au Sénégal passe par une compréhension fine des dynamiques rurales, par l’écoute des communautés et par un réel soutien à leur autonomie.

Enfin, cette approche renforce la dépendance structurelle du Sénégal. En multipliant les projets financés par des bailleurs internationaux comme la Banque mondiale, la souveraineté dans la définition de la politique agricole au Sénégal est remise en cause. La sécurité alimentaire devient un enjeu sous influence extérieure.

À l’inverse, des pays comme le Niger ont mené des réformes foncières inclusives et relocalisé leurs filières vivrières, inscrivant ces mesures au cœur de leur politique agricole. Le Brésil, avec son programme Fome Zero, a associé filets sociaux, soutien aux petits agriculteurs et politiques d’achats publics locaux. Ces exemples démontrent que la réussite d’une politique agricole passe par une démarche politique forte, ce que le Sénégal semble refuser au profit d’une réponse uniquement technique.

Le FRSP, malgré ses prétentions, n’est qu’une rustine sur des failles structurelles profondes. Il ne répond pas aux enjeux fondamentaux que doit adresser la politique agricole au Sénégal : souveraineté alimentaire, gouvernance équitable, valorisation des filières locales.

Le peuple sénégalais n’a pas besoin de projets vitrine, mais d’un État qui protège ses terres, valorise ses producteurs et garantit la sécurité alimentaire nationale. La solution ne viendra ni de Ziguinchor ni de Washington, mais bien de la réforme courageuse et inclusive de la politique agricole au Sénégal.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Sarr.
Mis en ligne : 14/07/2025

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