L’intervention de Barthélémy Dias sur TV5 Monde, ce mardi, a surpris plus d’un. L’ancien maire de Dakar, invité du Journal Afrique, s’est longuement attardé sur la personne du Premier ministre Ousmane Sonko, qu’il qualifie ni plus ni moins de « premier problème du Sénégal ». Cette sortie, à la fois désobligeante et infondée, révèle moins une analyse politique qu’une rancune personnelle difficilement dissimulée.
Le Sénégal vit une transition politique inédite. Porté au pouvoir dès le premier tour avec plus de 54 % des voix, le président Bassirou Diomaye Faye incarne une rupture espérée par des millions de Sénégalais. À ses côtés, Ousmane Sonko, figure centrale de l’opposition de la dernière décennie, désormais Premier ministre, mène des réformes qui visent à corriger les dérives de l’ancien régime. C’est dans ce contexte que les propos de Barthélémy Dias méritent d’être analysés avec lucidité.
Les propos tenus par Barthélémy Dias ne relèvent pas d’un désaccord politique légitime mais d’une attaque personnelle virulente. Comparer un Premier ministre à quelqu’un qui « confond pomme de terre à Angleterre » est indigne du débat politique que mérite notre pays. Cette moquerie dévalorise davantage celui qui la prononce que celui qu’elle vise.
Barthélémy Dias affirme que Sonko doit « respecter l’intelligence des Sénégalais qui ne l’ont pas élu ». Or, s’il est vrai que le poste de Premier ministre n’est pas soumis à élection directe, il est tout aussi vrai que Ousmane Sonko a été la figure de proue de la coalition qui a porté Diomaye Faye au pouvoir. Prétendre que Sonko n’a aucune légitimité populaire est une lecture volontairement biaisée de la réalité.
La virulence des propos de Barthélémy Dias peut difficilement s’expliquer sans rappeler les événements récents : sa perte du poste de maire de Dakar et sa marginalisation progressive sur l’échiquier politique. Derrière l’opposant aux accents républicains se cache un homme blessé par la perte d’influence. Menacer de « sortir » Sonko de l’Assemblée nationale et promettre un nouveau 23 juin relève d’une posture dangereusement populiste, qui frôle l’appel à l’insurrection. Le Sénégal n’a pas besoin de pyromanes politiques.
Il est frappant de constater que tout le discours de Barthélémy Dias repose sur une obsession : Ousmane Sonko. Aucun mot sur l’économie, les priorités sociales, l’éducation ou la santé. Aucune proposition. Tout son vocabulaire se résume à un seul nom. Cette focalisation nuit à sa crédibilité et dessert profondément l’opposition sénégalaise, qui gagnerait à proposer des alternatives au lieu de se perdre dans les règlements de comptes.
Dans d’autres pays, les anciens maires ou responsables déchus préfèrent se reconstruire politiquement sur des bases solides. À Paris, Anne Hidalgo, bien que très critiquée, répond par des projets concrets. En Afrique du Sud, Julius Malema, opposant radical, défend une ligne politique claire, parfois polémique, mais rarement personnelle. Barthélémy Dias, lui, semble choisir le ressentiment comme moteur.
En réduisant le débat politique à une vendetta personnelle contre Ousmane Sonko, Barthélémy Dias trahit l’attente de ceux qui voyaient en lui un homme d’État capable de dépasser les querelles d’ego. Le Sénégal mérite mieux que des menaces à peine voilées et des promesses de revanche. Il mérite un débat politique élevé, respectueux, centré sur les préoccupations réelles des citoyens. À l’heure où Ousmane Sonko s’emploie à relever les défis de la gouvernance, d’autres préfèrent crier au loup. Le temps, comme toujours, tranchera.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 28/07/2025
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