Parole d’une sœur brisée. Jusqu’à ce jour-là, je n’aurais jamais pensé qu’un cœur aussi proche du mien pouvait cacher autant de noirceur. Elle était mon amie, ma confidente, presque ma sœur. On partageait tout, même nos douleurs. Mais dans un coin d’ombre que je n’ai pas su voir, elle préparait ma chute.
Moi, c’est Khady, jeune femme de 29 ans, bijoutière à Colobane. J’avais un rêve, comme beaucoup de jeunes femmes de mon âge : monter mon propre commerce et, si possible, décrocher une opportunité à l’étranger. J’ai tout donné pour ça. J’ai travaillé dur, réduit mes dépenses, refusé les plaisirs inutiles, et après des mois de sacrifices, j’ai pu réunir 5,4 millions de francs CFA. Mon espoir, je l’avais enfermé dans un sac, bien caché dans mon armoire. Mais c’est justement à cause de ce rêve que tout a basculé.
Un après-midi d’avril, autour d’un verre de bissap, je me suis ouverte à Khoudia. Depuis le lycée, on était comme les deux doigts de la main. Je lui ai parlé de mes projets, de mes économies. Je lui ai même montré le sac. Quelle erreur…
Le lendemain, elle m’appelle. Elle dit avoir oublié son passeport chez elle et me supplie de le lui ramener dans un appartement de la Médina. Sur place, je tombe sur une autre fille, Nafi. Je ne la connaissais pas bien, mais je me suis dit : « Si Khoudia l’a invitée, c’est qu’elle est digne de confiance. » Encore une erreur.
Elles m’ont servi une boisson. À peine ai-je bu que je me suis sentie lourde, perdue, vidée. Mes paupières sont tombées. Mon corps ne répondait plus. Un week-end entier. Enfer. Brouillard. Silences. Quand j’ai enfin réussi à rentrer chez moi, tout semblait normal. Pas de porte forcée. Pas de désordre. Mais mon sac, mon argent, mon futur… tout avait disparu.
Mon cœur me disait que c’était elle. Mais comment croire que Khoudia, celle que j’appelais « ma sœur », pouvait me faire ça ? Et pourtant… L’enquête de la Division de la cybercriminalité a confirmé mes pires soupçons. Son téléphone a borné près de chez moi à 2 heures du matin. Elle a même contacté Nafi à cette heure-là. Quand elles ont compris que la police les recherchait, elles ont tenté de fuir vers la frontière malienne. Arrêtées de justesse.
Aujourd’hui, elles sont devant le tribunal correctionnel de Dakar. Elles essaient de noyer le poisson, parlent d’un homme, d’une prétendue beuverie. Mais je sais ce que j’ai vécu. Et ce que j’ai perdu. Ce n’est pas seulement de l’argent. C’est une part de mon humanité, de ma confiance, de ma naïveté.
Le verdict tombera le 24 septembre. Je ne sais pas si la justice effacera ma douleur. Mais je veux que mon histoire serve de leçon. Dans ce Sénégal où les difficultés économiques poussent parfois les gens à l’impensable, il faut redoubler de prudence, même avec les plus proches.
Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Mais je garde la tête haute. Parce que même trahie, je reste debout.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 04/08/2025
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