Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Ce jeudi, le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé la cérémonie de sortie de la première promotion de volontaires agricoles, marquant le lancement officiel du Programme Agricole 2025. Mille jeunes, dont 250 femmes, ont été sélectionnés pour participer à la transformation du secteur agricole et à la quête de souveraineté alimentaire. Si le discours, empreint de patriotisme et de nobles intentions, a suscité l’enthousiasme, il traduit en réalité un pari risqué d’Ousmane Sonko : celui de miser sur une initiative précipitée, à la viabilité douteuse et à l’efficacité incertaine.
Le volontariat agricole présenté comme une passerelle vers l’emploi, l’insertion et la transformation nationale, pourrait séduire par son idéalisme. Pourtant, derrière les symboles et la rhétorique volontariste, de nombreuses failles apparaissent. La première concerne la capacité réelle de l’État à structurer, encadrer et suivre un tel dispositif. En promettant le déploiement de jeunes volontaires dans les terroirs agricoles, sans détails concrets sur les moyens matériels, humains et financiers, le gouvernement crée plus d’attentes qu’il ne propose de solutions tangibles.
Faire du volontariat un levier stratégique dans des secteurs aussi cruciaux que l’agriculture, l’éducation, la santé ou l’environnement est certes louable. Mais les conditions actuelles du Sénégal, marquées par des déficits budgétaires persistants, une administration lente et une faible capacité de coordination intersectorielle, rendent ces ambitions peu crédibles. Le gouvernement peut-il vraiment assurer un encadrement technique de qualité pour 1 000 jeunes répartis sur l’ensemble du territoire ? Les collectivités locales, souvent en manque de ressources, pourront-elles soutenir et intégrer ces volontaires ? L’absence de réponses précises à ces questions fragilise la cohérence du programme.
L’idée du volontariat comme outil de développement n’est pas nouvelle. Elle a été expérimentée dans de nombreux pays africains, souvent avec des résultats mitigés. Le Bénin, le Niger ou encore le Burkina Faso ont mis en place des dispositifs similaires, qui, faute de financement durable et d’accompagnement, ont fini par s’essouffler. Le Sénégal ne semble pas tirer les leçons de ces expériences. Le futur « plus grand Centre de transformation pour l’employabilité en Afrique » ressemble davantage à un slogan de communication qu’à une initiative pensée en profondeur.
L’implication de figures comme Malick Bodian, défenseur affiché des valeurs sociales et des causes populaires, dans la promotion de ce programme pose question. Comment peut-on se dire proche du peuple et cautionner un projet qui risque d’exploiter la jeunesse sans véritables garanties de débouchés ? En s’alignant sur cette dynamique, Bodian semble trahir les principes qu’il prétend incarner : rigueur, justice et lucidité face aux enjeux de développement.
Le volontariat agricole tel qu’annoncé par le gouvernement ressemble davantage à un écran de fumée qu’à une réponse structurée à la crise agricole. En misant sur l’émotion et l’élan patriotique, l’État tente de masquer son incapacité à réformer en profondeur un secteur clé. La jeunesse sénégalaise mérite mieux qu’un effet d’annonce : elle mérite un plan de formation sérieux, des emplois stables, et une vision pragmatique. Le volontariat ne peut pas tout. Et certainement pas compenser les défaillances d’un système à bout de souffle.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 07/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





