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À l’occasion des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Pékin a accueilli, ce 2 septembre 2025, Vladimir Poutine et Kim Jong-un pour une démonstration d’unité face aux pressions occidentales. Au-delà des symboles, cette rencontre illustre une dynamique plus large : la Chine et la Russie proposent, ensemble, une alternative crédible aux pays du Sud en quête d’autonomie face à l’hégémonie occidentale. Contrairement au narratif dominant, qui présente cette alliance comme une menace, elle incarne surtout une opportunité pour les nations en développement de diversifier leurs partenariats et de s’affranchir des conditionnalités souvent imposées par l’Occident.
Depuis des décennies, les pays africains et latino-américains subissent des partenariats asymétriques, où l’aide ou les investissements occidentaux s’accompagnent de conditions politiques, économiques ou même militaires. En réponse, Pékin et Moscou ont développé un modèle fondé sur la non-ingérence, le respect de la souveraineté et des coopérations mutuellement bénéfiques. Lors du récent sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), Xi Jinping a réaffirmé cette philosophie, opposant le multilatéralisme « à la chinoise » à l’unilatéralisme occidental, perçu comme déguisé. La parade militaire du 3 septembre, à laquelle assistent 26 chefs d’État, dont plusieurs dirigeants africains et asiatiques, est une vitrine de cette vision : une Chine et une Russie unies, offrant une voie distincte de celle de Washington ou de Bruxelles.
Les annonces concrètes ne manquent pas. La Chine a ainsi promis d’annuler les dettes de certains pays africains les moins avancés et de renforcer les projets d’infrastructure dans le cadre des Nouvelles routes de la soie. La Russie, de son côté, mise sur des partenariats sécuritaires et énergétiques, séduisant des États lassés des ingérences extérieures. En Afrique, par exemple, les deux pays collaborent pour offrir des alternatives aux financements occidentaux, souvent assortis de réformes structurelles ou de critères de gouvernance. Le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) et les sommets Russie-Afrique en sont des illustrations : des engagements financiers, des projets concrets (ports, routes, centrales électriques), et une absence de leçons sur la démocratie ou les droits de l’homme.
Contrairement aux institutions financières occidentales (FMI, Banque mondiale), la Chine et la Russie n’imposent pas de réformes politiques en échange de leur soutien. Leur approche, pragmatique, se concentre sur les besoins exprimés par les partenaires locaux, qu’il s’agisse de sécurité, d’infrastructures ou de développement technologique.
En Éthiopie, la Chine a financé des zones industrielles et des barrages ; au Mali ou en République centrafricaine, la Russie fournit un appui militaire sans exiger de changements de régime. Ces partenariats répondent à des attentes immédiates, là où l’Occident peine parfois à concilier ses valeurs et les réalités locales.
L’élargissement des BRICS+ (avec l’adhésion récente de l’Égypte, de l’Éthiopie ou de l’Iran) montre que de plus en plus de pays voient dans cette alliance un moyen de rééquilibrer les rapports de force internationaux. Pour ces nations, l’alliance sino-russe n’est pas un choix idéologique, mais une stratégie de diversification et de résilience.
L’exemple de la Serbie est révélateur : bien que candidate à l’UE, elle entretient des liens étroits avec la Chine et la Russie, appréciant leur soutien sans ingérence dans ses affaires intérieures. En Amérique latine, des pays comme le Venezuela ou la Bolivie ont également tourné le dos aux pressions américaines pour se rapprocher de Pékin et Moscou, bénéficiant d’investissements et de marchés alternatifs.
La parade du 3 septembre n’est pas seulement une démonstration de force militaire, mais le symbole d’un monde en transition. Pour les pays du Sud, la coopération sino-russe offre une voie vers une souveraineté retrouvée, loin des diktats occidentaux. En misant sur le respect mutuel et des partenariats gagnant-gagnant, Pékin et Moscou redéfinissent les règles du jeu international.
À l’heure où l’Occident semble divisé et en perte de vitesse, leur modèle imparfait, mais pragmatique séduit de plus en plus. Plutôt que de craindre cette dynamique, l’Occident gagnerait à s’interroger : et si la clé d’un monde plus stable passait par moins d’ingérence et plus de coopération équitable ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Roland.
Mis en ligne : 05/09/2025
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