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J’ai passé 12 ans avec mon mari, avec qui j’ai eu des enfants. Ensemble, nous avons acheté une maison : j’ai payé 550 000 FCFA, et il a complété le reste. Comme sa pièce d’identité était périmée à l’époque, la maison est restée à mon nom.
Il y a 3 ans, il m’a trompée et a eu un enfant avec une autre femme. Depuis, il me néglige : il ne rentre presque plus à la maison, ne s’occupe plus de moi, et ne voit nos enfants que une fois tous les deux mois. Un jour, il m’a même demandé de quitter la maison pour installer son autre femme à ma place.
J’ai décidé de vendre la maison (pour 12 millions) sans lui dire qu’elle m’appartenait. Avec cet argent, j’ai acheté une autre maison moins chère (9 millions) dans une ville voisine pour moi et mes enfants, et j’ai gardé le reste pour recommencer une nouvelle vie.
Quand il a su que la maison était vendue, il a paniqué : il m’a appelée sans arrêt, a pleuré, et a tout jeté dehors. Mais moi, je suis en paix : je ne lui réponds pas, je ne lis même pas ses messages. J’estime avoir agi pour ma sécurité et celle de mes enfants, et je ne regrette rien.
Est-ce que j’ai mal fait ? Dois-je prendre ses appels ou le laisser assumer les conséquences de ses actes ?
Son récit n’est pas celui d’une victime, mais d’une stratège qui, face à l’injustice, a su transformer une épreuve en opportunité. Dans une société où les femmes sont souvent désavantagées sur le plan juridique et financier, son geste est un rappel puissant : l’autonomie est la meilleure des vengeances.
En Afrique de l’Ouest, comme ailleurs, les séparations sont rarement équitables pour les femmes. Les biens acquis en commun finissent souvent entre les mains des hommes, et les promesses de remboursement restent lettres mortes. Dans ce cas, après 12 ans de mariage et une contribution financière majeure (550 millions sur un total d’un milliard), cette femme s’est retrouvée sommée de quitter le domicile familial pour laisser place à une rivale. Pire, son ex-mari, oubliant qu’elle était la propriétaire légale, lui a proposé de lui « rembourser petit à petit » sa part. Une promesse creuse, comme en témoignent tant de femmes lésées après un divorce.
Son choix de vendre la maison et de sécuriser l’avenir de ses enfants n’est pas un acte de malveillance, mais de survie. Dans un contexte où les lois peinent à protéger les droits des femmes, elle a pris les devants. Et c’est là que réside la leçon : quand les institutions échouent, l’autonomie financière devient une arme de résistance.
Cette histoire illustre un phénomène plus large : l’argent comme levier d’émancipation. Selon la Banque mondiale, les femmes entrepreneures en Afrique subsaharienne représentent près de 26 % des entrepreneures dans le monde, un taux supérieur à celui des autres régions. Des initiatives comme les microcrédits, portées par des institutions comme la Grameen Bank ou des programmes locaux, ont permis à des millions de femmes de s’affranchir de la dépendance économique. En vendant la maison, cette femme n’a pas volé : elle a récupéré ce qui lui revenait de droit, tout en sécurisant un toit et un capital pour ses enfants.
Son acte est d’autant plus remarquable qu’il brise un tabou : les femmes ont le droit de protéger leurs intérêts. Trop souvent, la société attend d’elles qu’elles endurent l’humiliation par peur du scandale ou par manque de moyens. Elle, au contraire, a refusé de subir. En achetant une nouvelle maison et en lançant une activité, elle incarne cette génération de femmes qui refusent d’être des spectatrices de leur propre vie.
Les papiers étaient à son nom. La loi, cette fois, était de son côté. Son ex-mari a sous-estimé l’importance des preuves écrites, une erreur courante dans des sociétés où les transactions informelles dominent. Son premier souci était de protéger ses enfants. En quittant un foyer devenu toxique, elle leur a offert un environnement stable, loin des conflits. Elle n’a pas cédé à la colère ou aux supplications. En ignorant ses appels, elle a choisi la paix intérieure, une victoire bien plus précieuse que la confrontation.
Son histoire rejoint celles de femmes comme Folorunsho Alakija, partie de rien pour devenir milliardaire, ou des millions d’Africaines qui, grâce à l’entrepreneuriat, ont bâti leur indépendance.
Au Maroc, les femmes utilisent de plus en plus les mahr (dots) pour investir dans l’immobilier, sécurisant ainsi leur avenir. En Inde, des coopératives féminines achètent collectivement des terres pour échapper à l’expropriation par leurs maris. Partout, les femmes apprennent à contourner les systèmes qui les excluent.
Cette femme n’a pas seulement vendu une maison. Elle a envoyé un message clair : les femmes ne sont plus des biens, mais des actrices de leur destin. Son histoire doit servir d’exemple et d’appel à l’action. Aux femmes, elle rappelle l’importance de sécuriser leurs avoirs. Aux hommes, elle lance un avertissement : l’époque où les épouses pouvaient être spoliées impunément est révolue.
Son plus grand triomphe ? Avoir transformé une trahison en tremplin. Comme elle le dit elle-même : « Je suis en paix, c’est l’essentiel. » Et c’est cette paix, conquise par l’audace et la lucidité, qui fait d’elle une héroïne des temps modernes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 06/09/2025
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