Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Dans un entretien accordé à L’Observateur, l’acteur sénégalais El Hadj Moda Thioune, alias Khalil Thiam dans la série « Baabel », est revenu sur son arrestation et son incarcération à la prison de Rebeuss. Il évoque ses 15 jours de détention comme une expérience formatrice, soulignant les conditions de vie des détenus et dénonçant la surpopulation carcérale. Tout en exprimant son engagement à aider les prisonniers, il appelle à une réforme du système carcéral. Cependant, cette posture soulève des interrogations sur la manière dont certains individus tentent de transformer une erreur personnelle en un parcours héroïque. Il est essentiel de rappeler que la prison n’est pas une école de vertu, et que la responsabilité individuelle doit primer.
Le 10 août 2025, lors d’un contrôle routier à Zac Mbao, Moda Thioune a été interpellé pour conduite sans permis, sans assurance et avec une carte grise périmée. Craignant des conséquences, il a pris la fuite, provoquant une course-poursuite à travers plusieurs quartiers de Dakar avant d’être arrêté. Placée sous mandat de dépôt, il a été jugé le 20 août 2025 pour délit de fuite, refus d’obtempérer et mise en danger de la vie d’autrui.
L’attitude de Moda Thioune soulève plusieurs questions. D’abord, sa décision de fuir lors du contrôle, malgré la présence de sa passagère, met en lumière un manque de jugement et de responsabilité. Ensuite, bien que son incarcération ait été une épreuve difficile, il est discutable de la présenter comme une expérience positive ou formatrice. La prison, dans sa réalité quotidienne, est un lieu de souffrance et de dégradation, loin d’être une école de vertu.
Chaque individu est responsable de ses actes. Fuir un contrôle de police, surtout en mettant en danger la vie d’autrui, est une faute grave qui ne peut être justifiée par la peur ou l’ignorance.
Bien que certains détenus puissent manifester foi et solidarité, la prison reste un lieu de souffrance, de violence et de dégradation. Il est réducteur et dangereux de présenter cette expérience comme une école de vertu.
Utiliser son incarcération comme tremplin médiatique ou pour se donner une image de victime est une démarche opportuniste. Elle minimise la gravité des actes commis et détourne l’attention des véritables problèmes du système carcéral.
Des précédents similaires, comme l’affaire du chanteur Sidy Diop, montrent que la justice sénégalaise prend au sérieux les infractions liées à la circulation routière. Sidy Diop avait été interpellé en août 2024 pour conduite sans permis et avec une assurance périmée. Il avait été placé sous mandat de dépôt, avant d’être relaxé pour usage de faux documents, mais condamné à une amende de 150 000 FCFA pour défaut de permis.
En Afrique, les exemples de célébrités ou de personnalités publiques confrontées à la justice ne manquent pas. Que ce soit Moussa Seck au Sénégal, impliqué dans des scandales financiers, ou Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire, jugé pour des crimes bien plus graves, la tendance est souvent la même : une tentative de réhabilitation par le discours, comme si la notoriété conférait le droit de réécrire sa propre histoire. Pourtant, la justice ne devrait pas être un tremplin pour la gloire, mais un rappel à l’ordre.
Personne ne souhaite la prison à quiconque. Mais quand elle survient, surtout par la faute de ses propres actes, la meilleure attitude reste la discrétion et l’humilité. Moda Thioune aurait pu choisir de tirer les leçons de son erreur dans le silence, sans chercher à en faire un spectacle. Au lieu de cela, il s’affiche en sauveur, comme si ses 15 jours de détention lui donnaient le droit de donner des leçons. La vraie leçon, peut-être, serait de reconnaître que personne n’est à l’abri des conséquences de ses actes et que la célébrité ne doit pas servir de bouclier contre la responsabilité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abou Ba.
Mis en ligne : 13/09/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




