« Je ne ressens plus rien pour ma femme » : Le piège conjugal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 25/09/2025 10:09:30

« Je ne ressens plus rien pour ma femme » : Le piège conjugal

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Un homme de 41 ans, sans emploi depuis trois ans, avoue ne plus rien ressentir pour sa femme, qui assume seule les charges du foyer, et envisage d’épouser une jeune fille de 17 ans, tout en exigeant que sa première épouse continue de tout payer. Le summum de l’hypocrisie et de l’irresponsabilité ! Ce témoignage, aussi glaçant qu’édifiant, révèle une réalité sociale persistante au Sénégal : celle d’hommes qui, sous couvert de tradition et de pression familiale, transforment leurs épouses en vaches à lait et leurs foyers en terrains de jeu pour leurs caprices.

Partons à l’assaut de cette mascarade, où la polygamie devient l’alibi parfait pour justifier l’injustifiable : la paresse, l’ingratitude et l’exploitation éhontée des femmes.

Au Sénégal, la polygamie n’est pas une exception, mais une norme sociale ancrée : en 2019, 32 % des femmes mariées vivaient en union polygame, contre seulement 10 % des hommes de la même tranche d’âge. Ces chiffres, déjà accablants, cachent une réalité encore plus cruelle : celle de femmes qui, bien souvent, se retrouvent seules à porter le poids économique du foyer, tandis que leurs maris, libérés de toute responsabilité, courent après de nouvelles conquêtes. Pire, la polygamie est devenue un symbole de réussite sociale, un moyen de « grimper dans l’échelle » sans avoir à fournir le moindre effort. Dans un pays où près de 45 % des femmes chefs de ménage sont analphabètes et où les inégalités de genre restent criantes, comment ne pas voir dans cette pratique une forme institutionnalisée d’exploitation ?

La tradition, me direz-vous ? Mais quelle tradition justifie qu’un homme, incapable d’assumer ses propres enfants, exige de sa femme qu’elle finance ses lubies matrimoniales ? Quelle coutume autorise un père de famille à sacrifier le bien-être de ses enfants sur l’autel de son égoïsme, tout en se cachant derrière le paravent de la « pression parentale » ? La loi sénégalaise, pourtant, est claire : le mariage forcé est interdit, et chaque époux a des obligations pécuniaires envers l’autre. Pourtant, dans les faits, ces règles sont bafouées au quotidien, au nom d’un patriarcat qui protège les hommes et écrase les femmes.

Revenons à notre cas d’école. Notre quadragénaire sans emploi, amoureux d’une adolescente de 17 ans, ose demander conseil pour « convaincre » sa femme de continuer à payer les factures, tout en acceptant une rivale. Mais de quel droit ? Quel homme digne de ce nom ose réclamer à sa femme qu’il dit ne plus aimer – de subvenir à ses besoins, tout en lui imposant une coépouse ? La réponse est simple : celui qui a intériorisé que la société lui donnera toujours raison. Celui qui sait que, dans ce pays, une femme qui refuse se verra traitée d’égoïste, de mauvaise mère, de mauvaise épouse. Celui qui, surtout, compte sur la honte et la soumission pour faire plier sa victime.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une victime. Une femme qui, malgré son travail acharné, se voit niée dans son humanité, réduite au rang de porte-monnaie et de machine à enfants. Pendant ce temps, son mari, lui, joue les séducteurs transis devant une mineure, sous le regard complice de parents qui voient en ce mariage une aubaine sociale. Où est la fierté dans tout cela ? Où est l’honneur ? Il n’y a que de la lâcheté, déguisée en fatalité culturelle.

Et que dire de cette jeune fille de 17 ans, offerte en mariage comme un trophée ? Au Sénégal, le mariage précoce reste une plaie ouverte, malgré les lois qui l’interdisent. Les filles sont encore trop souvent considérées comme des monnaies d’échange, des moyens de soulager les difficultés économiques d’une famille ou de renforcer des alliances. Mais à quel prix ? Celui de leur éducation, de leur liberté, de leur avenir.

Les défenseurs de la polygamie brandissent souvent l’argument de la « liberté de choix ». Mais quel choix a vraiment une femme quand la société tout entière lui répète qu’elle doit accepter, se taire, et sourire ? Quel choix a une épouse quand son refus signifie l’exclusion, la pauvreté, ou pire, la perte de ses enfants ?

Les données sont sans appel : les femmes en union polygame ont moins accès à la planification familiale, subissent une fécondité plus élevée, et voient leurs chances de s’épanouir réduites à néant. Pendant ce temps, leurs maris, eux, accumulent les privilèges : reconnaissance sociale, satisfaction de leurs désirs, et surtout, une totale impunité. Car au Sénégal, un homme peut tout se permettre : ne pas travailler, ne pas aimer, ne pas respecter. Il lui suffira d’invoquer la tradition, la religion, ou la pression familiale pour que tout lui soit pardonné.

Et les enfants dans tout ça ? Ceux que notre quadragénaire prétend vouloir « protéger » en gardant leur mère sous son toit ? Ils grandiront dans un foyer brisé, témoin de l’humiliation de leur mère et de l’irresponsabilité de leur père. Belle leçon de vie, en vérité.

Ailleurs en Afrique, des voix s’élèvent contre ces pratiques. En Tunisie, la polygamie est interdite depuis 1956. Au Maroc, elle est si encadrée qu’elle en devient quasi impossible. Même en Côte d’Ivoire ou au Ghana, où les taux de polygamie sont bien inférieurs à ceux du Sénégal, les mentalités évoluent. Pourquoi le Sénégal, lui, reste-t-il figé dans un modèle qui broie les femmes et infantilise les hommes ?

La réponse tient en un mot : l’hypocrisie. Une hypocrisie qui permet à des hommes de se draper dans le boubou de la respectabilité tout en vivant aux crochets de leurs épouses. Une hypocrisie qui transforme la polygamie en système, et les femmes en variables d’ajustement.

Assez de ces hommes qui se cachent derrière leur mère, leur religion, ou leur culture pour justifier l’injustifiable. Assez de ces maris qui exigent tout sans rien donner. Assez de cette société qui ferme les yeux sur l’exploitation des femmes, tant qu’elle est commise au nom de la tradition.

À toi, l’homme de 41 ans qui ne ressens plus rien : assume tes choix. Si tu veux épouser une autre femme, commence par te prendre en charge. Si tu veux respecter tes parents, commence par respecter celle qui te nourrit. Et surtout, cesse de te voiler la face : tu n’es pas une victime de la pression sociale, tu es un profiteur. Un lâche.

Et à toutes les femmes qui se reconnaîtront dans ce témoignage : vous valez mieux que ça. Vous méritez un homme qui vous aime, qui vous respecte, et qui porte ses responsabilités. Pas un parasite qui vous suce votre énergie et votre dignité.

La polygamie est le symptôme d’une société malade, où les hommes refusent de grandir. Il est temps de guérir.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 25/09/2025

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