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Le 23 septembre 2025, Donald Trump a de nouveau utilisé la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies pour livrer un réquisitoire contre l’institution, accusant l’ONU d’être inefficace, complice de l’immigration illégale, et de ne pas contribuer à la paix. Pourtant, derrière ses attaques en règle se cachent des contradictions flagrantes : son administration a elle-même sapé les efforts diplomatiques internationaux, soutenu des régimes autoritaires, et retardé les sanctions contre la Russie.
Son discours, plus qu’une critique constructive, révèle une vision unilatérale et opportuniste des relations internationales, où les principes de droit et de coopération cèdent le pas aux calculs politiques.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les retraits d’accords internationaux et les réductions de financements à des programmes onusiens essentiels. Son discours à l’ONU s’inscrit dans une stratégie de diversion : plutôt que de proposer des réformes pour renforcer le multilatéralisme, il préfère discréditer l’organisation pour masquer les échecs de sa propre politique étrangère. Pourtant, l’ONU, malgré ses limites, reste un acteur clé dans la gestion des crises humanitaires, la promotion des droits humains et la recherche de solutions pacifiques aux conflits. Ses attaques contre l’institution, jusqu’à évoquer un escalator en panne pour illustrer son propos, trivialisent des enjeux graves et trahissent un mépris pour la coopération internationale.
Trump a retiré les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018, affirmant que celui-ci était « désastreux ». Pourtant, cet accord, négocié par les grandes puissances, avait permis de geler le programme nucléaire iranien et d’instaurer un régime de vérification sans précédent. Le retrait américain a non seulement isolé Washington de ses alliés européens, mais aussi relancé les tensions régionales et affaibli la crédibilité des États-Unis comme partenaire fiable. Les conséquences sont claires : reprise de l’enrichissement d’uranium par l’Iran, montée des risques de prolifération, et rupture de la confiance entre les signataires. Aujourd’hui, Trump critique l’ONU pour son inefficacité, mais c’est bien son administration qui a torpé un des rares succès diplomatiques récents.
Son opposition à la reconnaissance de l’État de Palestine ignore délibérément les résolutions de l’ONU et le droit international. Alors que 145 pays sur 193 reconnaissent désormais la Palestine, les États-Unis bloquent systématiquement toute avancée à l’ONU, allant jusqu’à refuser des visas à des représentants palestiniens pour les empêcher de participer aux débats. Pire, son « plan de paix » de 2020, rejeté par les Palestiniens et la communauté internationale, proposait une solution biaisée en faveur d’Israël, sans garantie pour un État palestinien viable. En accusant la reconnaissance de la Palestine d’être une « récompense pour le Hamas », il occulte le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, pourtant consacré par le droit international.
Trump reproche à l’Inde et à la Chine de financer la guerre en Ukraine en achetant du pétrole russe. Pourtant, les États-Unis ont mis des années à imposer des sanctions énergétiques significatives contre Moscou. Ce n’est qu’en 2025, sous la pression du G7, que Washington a enfin ciblé les exportations pétrolières russes, alors que l’UE avait déjà agi dès 2022. Son appel aux Européens pour qu’ils arrêtent « immédiatement » d’acheter du pétrole russe sonne comme une leçon de morale venue d’un pays qui a longtemps tergiversé.
Qualifier le changement climatique de « plus grande arnaque jamais menée contre le monde » n’est pas seulement faux scientifiquement, c’est aussi irresponsable. Alors que les effets du réchauffement se multiplient, son déni affaiblit les efforts mondiaux et encourage les climatosceptiques. Ses propos contredisent les rapports scientifiques et les engagements de la communauté internationale, y compris ceux de ses propres alliés.
Trump se vante d’avoir « mis fin à sept guerres », mais son administration a souvent privilégié les solutions militaires ou unilatérales, comme le retrait de l’accord iranien, le soutien inconditionnel à Israël, ou les menaces commerciales contre ses partenaires. Accuser l’ONU de « financer une invasion » par l’aide aux migrants est une manipulation : l’organisation agit conformément à sa mission humanitaire, tandis que les crises migratoires sont souvent le résultat de conflits ou de politiques climatiques que les pays occidentaux ont contribué à aggraver. Ses attaques contre l’Europe (« vos pays vont en enfer ») et son ton condescendant aliènent les alliés traditionnels des États-Unis. Résultat : une Amérique perçue comme imprévisible, affaiblissant sa capacité à mobiliser la communauté internationale sur les vrais défis.
À l’inverse de Trump, des dirigeants comme Emmanuel Macron ou Olaf Scholz ont choisi de travailler avec l’ONU pour avancer sur des solutions concrètes : reconnaissance de la Palestine, renforcement des sanctions contre la Russie, ou relance des négociations climatiques. Même des pays comme l’Inde ou la Chine, souvent critiqués, participent aux forums onusiens sans les discréditer systématiquement. La diplomatie ne se résume pas à des tweets ou à des discours clivants ; elle exige du dialogue, de la patience, et du respect pour les règles communes.
Le discours de Donald Trump à l’ONU est révélateur d’une approche de la diplomatie fondée sur la division plutôt que sur la coopération. Plutôt que de saper une institution qui, malgré ses défauts, reste indispensable, les États-Unis gagneraient à retrouver leur rôle de leader responsable. L’ONU n’est pas parfaite, mais elle est le seul forum où les nations peuvent se parler, négocier, et chercher des solutions communes.
La critique est légitime ; le sabotage, non. En attendant, les contradictions de Trump – entre ses attaques contre l’ONU et ses propres actions – ne font que creuser le déficit de confiance dans la parole américaine. Quand on casse les outils, on ne peut plus construire la paix. Il est temps de passer des slogans aux actes.
Et si, au lieu de critiquer l’ONU, les États-Unis proposaient des réformes pour la rendre plus efficace ? La balle est dans leur camp.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mélanie N .
Mis en ligne : 27/09/2025
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