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Donald Trump a récemment déclaré qu’il était prêt à déplacer des matchs de la Coupe du Monde 2026 prévus dans des villes américaines dirigées par des démocrates, au motif que leur sécurité ne serait pas garantie. Ces propos, tenus à moins d’un an du coup d’envoi du tournoi, transforment un événement sportif planétaire en un nouveau terrain de confrontation partisane.
Derrière l’argument sécuritaire, c’est bien une stratégie politique qui se dessine : discréditer ses adversaires, semer le doute sur la capacité des villes démocrates à organiser un événement d’envergure, et instrumentaliser le football à des fins électoralistes. Une approche dangereuse, qui menace l’esprit même de la Coupe du Monde et risque de fragiliser l’image des États-Unis sur la scène internationale.
La Coupe du Monde 2026, co-organisée par les États-Unis, le Canada et le Mexique, s’annonce comme la plus grande édition de l’histoire, avec 48 équipes et 104 matchs répartis dans 16 villes. Parmi les 11 villes américaines retenues, plusieurs sont des bastions démocrates : Los Angeles (8 matchs), Seattle et San Francisco (6 matchs chacune). Ces métropoles, souvent en désaccord avec la politique fédérale, se préparent depuis des mois à accueillir des millions de supporters, dans un contexte déjà marqué par les tensions sociales et les débats sur l’immigration et la sécurité publique.
Pourtant, Donald Trump a choisi de cibler spécifiquement ces villes, les qualifiant de « gérées par des cinglés de gauche » et évoquant des risques sécuritaires, tout en citant à tort Chicago, qui n’est même pas hôte du Mondial, pour étayer ses propos. Cette sortie n’est pas anodine : elle s’inscrit dans une logique de polarisation, où le sport, censé rassembler, devient un outil de division.
L’argument avancé par Trump, la sécurité des joueurs et des supporters, est difficilement crédible. D’abord, parce que les villes hôtes ont déjà mené des audits stricts pour garantir la conformité et la sûreté des stades, sous la supervision de la FIFA. Ensuite, parce que le président américain a lui-même assuré, il y a quelques mois, que les fans étrangers seraient « les bienvenus » et que l’événement se déroulerait « sans accroc ». Enfin, parce que la FIFA, qui soutient jusqu’ici l’organisation, n’a pas réagi à ces déclarations, signe que la question relève davantage de la posture que de la réalité.
En réalité, ces menaces de déplacement s’apparentent à une manœuvre de pression : en pointant du doigt des villes démocrates, Trump cherche à affaiblir ses opposants, à mobiliser son électorat, et à imposer son autorité sur un événement qui dépasse largement le cadre national. Le déploiement de la garde nationale dans certaines de ces villes, contre l’avis des élus locaux, illustre cette volonté de contrôle.
L’histoire montre que la politisation des grands événements sportifs a souvent des conséquences néfastes. Que ce soit le boycott des Jeux olympiques de Moscou en 1980, les tensions autour de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, ou les instrumentalisations du football par des régimes autoritaires, le sport paie toujours le prix des calculs politiques. En menaçant de déplacer des matchs, Trump risque de créer un climat d’incertitude pour les supporters, les sponsors et les fédérations, et d’encourager d’autres dirigeants à suivre cette voie.
Les États-Unis ont été choisis pour organiser ce Mondial en raison de leur stabilité et de leur capacité à accueillir un événement d’une telle ampleur. En semant le doute sur la sécurité et en alimentant les clivages, Trump pourrait dissuader des fans étrangers de se rendre sur place, et ternir la réputation du pays en tant que pays hôte fiable. Les inquiétudes sont d’ailleurs déjà réelles : certaines villes redoutent un boycott en raison des politiques migratoires et des violences sociales.
La Coupe du Monde est avant tout une célébration du sport, de la diversité et du rassemblement. En la réduisant à un enjeu partisan, Trump trahit les valeurs qui font la force du football. Le sport devrait être un vecteur de fraternité, pas un champ de bataille politique.
L’utilisation du sport à des fins politiques n’est pas nouvelle. En 1936, le régime nazi avait instrumentalisé les Jeux olympiques de Berlin pour promouvoir son idéologie. En 1968, les athlètes Tommie Smith et John Carlos avaient levé le poing sur le podium pour dénoncer le racisme. Plus récemment, le Qatar a utilisé la Coupe du Monde 2022 pour redorer son blason international, malgré les critiques sur les droits de l’homme. Mais jamais un pays hôte n’avait ouvertement menacé de sanctionner ses propres villes pour des raisons partisanes.
La Coupe du Monde 2026 devrait être un moment de fête, de partage et de dépassement. En la transformant en un enjeu de guerre politique, Donald Trump prend en otage non seulement les villes concernées, mais aussi les supporters, les joueurs et l’image même du football. Il est temps de rappeler une évidence : le sport n’appartient à aucun parti, à aucun dirigeant. Il appartient à ceux qui le vivent, le soutiennent et le célèbrent.
Face à cette dérive, une seule réponse s’impose : que la FIFA, les villes hôtes et la communauté internationale réaffirment avec force que la Coupe du Monde reste un événement apolitique, ouvert à tous, et protégé des manipulations. Les organisateurs doivent résister à ces pressions, et les supporters du monde entier doivent exiger que le football reste un espace de neutralité et de rassemblement. Le Mondial 2026 mérite mieux qu’un débat stérile – il mérite d’être célébré pour ce qu’il est : la plus belle fête du sport.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Daniella G.
Mis en ligne : 28/09/2025
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