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L’inculpation de James Comey, ancien directeur du FBI, pour « entrave à la justice » et « fausse déclaration » a été saluée avec une ironie macabre par Donald Trump, qui y voit une « justice enfin rendue ». Pourtant, cette affaire sent moins la quête de vérité que la vengeance politique. Après son limogeage brutal en 2017, alors qu’il dirigeait l’enquête sur les ingérences russes dans la campagne de 2016, Comey savait que ce jour viendrait.
La chasse aux sorcières n’est pas l’apanage de l’Afrique ou des régimes autoritaires : elle a désormais son théâtre en Amérique, sous les projecteurs d’une présidence qui confond justice et règlement de comptes.
En 2017, Donald Trump limoge James Comey, alors que le FBI enquête sur les liens entre son équipe de campagne et la Russie. Le message est clair : quiconque ose s’opposer au président paiera le prix fort. Depuis, Trump n’a cessé de menacer ses détracteurs, promettant des représailles. Son retour au pouvoir en janvier 2025 a accéléré le processus : le ministère de la Justice, sous pression, a lancé des poursuites contre Comey, mais aussi contre d’autres figures comme John Brennan, ancien directeur de la CIA. Ces inculpations interviennent après des mois de pressions publiques, culminant avec la démission forcée du procureur Erik Siebert, remplacé par une fidèle de la Maison Blanche. Le système judiciaire américain, censé être indépendant, semble désormais aux ordres d’un homme qui gouverne par la peur et la menace.
L’accusation porte sur des déclarations de Comey devant le Sénat en 2020, dans le cadre de l’enquête sur l’ingérence russe. Pourtant, le rapport Mueller, publié en 2019, avait conclu à l’absence de preuves de collusion entre Trump et Moscou, tout en soulignant les « pressions troublantes » exercées par le président sur l’enquête. Aujourd’hui, c’est Comey qui est dans le collimateur, accusé d’avoir divulgué des informations sensibles. Une accusation bien commode pour un président qui a lui-même multiplié les attaques contre l’État de droit.
L’inculpation de Comey n’est pas un hasard. Elle s’inscrit dans une stratégie systématique de neutralisation des opposants. Trump l’a lui-même annoncé : « Ce sont des crapules finies, et elles devront payer le prix. » Ces mots, dignes d’un parrain, résument une méthode : utiliser la justice comme arme politique. Comey, qui a osé résister, devient l’exemple à ne pas suivre.
La réaction de l’intéressé est sans équivoque : « La peur est l’arme des tyrans. » Une phrase qui résonne comme un avertissement. Car si Comey est aujourd’hui la cible, qui sera demain ? Les sénateurs démocrates comme Adam Schiff ? Les procureurs comme Letitia James, déjà accusée sans preuve par un proche de Trump ? La démission du procureur Siebert, qui refusait de poursuivre sans éléments solides, montre à quel point la justice est désormais soumise à l’arbitraire présidentiel.
Cette dérive rappelle les heures sombres de l’histoire américaine, comme le maccarthysme, où la paranoïa et la chasse aux boucs émissaires ont empoisonné la démocratie. Mais elle évoque aussi des régimes plus lointains, où les opposants sont systématiquement traqués. En Turquie, en Russie ou en Hongrie, les dirigeants utilisent la justice pour museler leurs adversaires. L’Amérique, pays des checks and balances, semble emprunter ce chemin dangereux.
Trump a échappé à de multiples enquêtes, malgré des preuves accablantes (ingérences russes, tentative de renversement de l’élection de 2020). Pourtant, ce sont ses adversaires qui se retrouvent sur le banc des accusés. Où est la cohérence ? Où est l’égalité devant la loi ?
Le limogeage du procureur Siebert et son remplacement par une proche de la Maison Blanche montrent que la justice n’est plus indépendante. Quand un président peut exiger des têtes et obtenir gain de cause, la séparation des pouvoirs n’est plus qu’une illusion.
Comey n’est pas un saint. Ses décisions passées, comme la réouverture de l’enquête sur Hillary Clinton en 2016, ont été controversées. Mais cela ne justifie pas une inculpation politiquement motivée. En le ciblant, Trump envoie un message clair : « Opposez-vous à moi, et vous serez détruit. » Dans une démocratie, la dissidence ne devrait pas être un crime.
Si Comey est condamné, la porte sera grande ouverte à d’autres poursuites arbitraires. Qui osera encore enquêter sur le président ou ses alliés ? La peur, comme le dit Comey, devient l’outil de gouvernance.
Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres périodes ou régimes où la justice a été détournée à des fins politiques. Sous Nixon, le « Saturday Night Massacre » avait vu le président limoger le procureur spécial enquêtant sur le Watergate. Aujourd’hui, Trump réécrit le scénario, mais en pire : il ne se contente pas de limoger, il fait inculper.
Ailleurs dans le monde, des dirigeants comme Erdogan en Turquie ou Orban en Hongrie ont utilisé les mêmes méthodes : purges dans la justice, poursuites contre les opposants, contrôle des médias. L’Amérique, qui se targue d’être le phare de la démocratie, risque de devenir un exemple de dérive autoritaire.
L’affaire Comey n’est pas une simple querelle judiciaire. C’est le symptôme d’une démocratie malade, où la vengeance prime sur la loi, où la peur remplace le débat. Trump a transformé la justice en instrument de pouvoir, et Comey en est la première victime haut placée. Mais il ne sera pas la dernière.
Si les Américains ne réagissent pas, si les institutions ne résistent pas, le pays pourrait basculer dans une ère où la loyauté au président compte plus que la vérité. Comme l’écrit Comey, « nous ne vivrons pas à genoux ». Puissent ces mots résonner comme un appel à la vigilance. Car quand la chasse aux sorcières commence, personne n’est à l’abri.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Christophe M.
Mis en ligne : 30/09/2025
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