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L’affaire Madiambal Diagne, qui défraie la chronique depuis quelques semaines, est révélatrice d’un phénomène bien connu au Sénégal : celui de certains acteurs publics qui, pris la main dans le sac, préfèrent crier au complot plutôt que d’assumer leurs responsabilités. Dans une tribune publiée par Le Quotidien, le journaliste et patron de presse accuse le Premier ministre Ousmane Sonko d’orchestrer une « chasse à l’homme » à son encontre, allant jusqu’à impliquer sa famille dans ce qu’il qualifie de « traque judiciaire ».
Pourtant, les faits, eux, sont têtus : Madiambal Diagne est visé par un mandat d’arrêt international pour des mouvements de fonds suspects, estimés à 21 milliards de FCFA, mis en lumière par un rapport de la CENTIF. Un rapport qui, rappelons-le, n’a pas été commandité par Sonko, mais par une institution indépendante chargée de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Madiambal Diagne n’est pas un inconnu dans le paysage médiatique et politique sénégalais. Figure controversée, il s’est illustré par ses éditoriaux virulents contre Ousmane Sonko et le parti PASTEF, qu’il accusait hier encore de populisme et de déstabilisation. Ironie de l’histoire, c’est aujourd’hui lui qui se présente en victime d’un système qu’il a longtemps défendu, voire servi, quand il était le bouclier médiatique de l’ancien président Macky Sall. Son parcours est jalonné de controverses : ancien greffier radié pour avoir soustrait des scellés, accusé d’avoir falsifié des diplômes, il a su se reconvertir en patron de presse influent, utilisant sa plume pour attaquer ses adversaires politiques avec une férocité rare.
Mais quand les projecteurs se braquent sur ses propres turpitudes, le discours change. Soudain, les procédures judiciaires deviennent une « persécution », les enquêtes une « machination », et le Premier ministre un bouc émissaire tout désigné. Pourtant, les éléments à charge sont accablants : sa femme, gérante d’une société impliquée dans les flux financiers suspects, ses enfants, et même un proche, ont été placés sous mandat de dépôt. La justice sénégalaise, souvent critiquée pour sa lenteur, semble ici avoir agi avec une célérité qui dérange. Est-ce vraiment surprenant quand on sait que les sommes en jeu pourraient avoir servi à corrompre des réseaux entiers ?
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est la facilité avec laquelle Madiambal Diagne inverse les rôles. Lui qui a passé des années à dénoncer la corruption des autres, à fustiger les « déviants » et à se poser en gardien de la morale publique, se retrouve aujourd’hui dans la position peu enviable de l’accusé. Et plutôt que de répondre des actes qui lui sont reprochés, il préfère fuir le pays malgré une interdiction de sortie du territoire et jouer la carte de la victimisation depuis la France, entouré d’une armée d’avocats, dont le célèbre William Bourdon, dont l’engagement sélectif est lui-même sujet à controverse.
Son argumentaire est simple : tout ce qui lui arrive est la faute de Sonko. Une rhétorique qui rappelle étrangement celle de tant d’autres avant lui, ces figures politiques ou médiatiques qui, une fois prises à leur propre piège, hurlent au complot pour détourner l’attention. Mais les Sénégalais ne sont pas dupes. Ils savent reconnaître une manœuvre de diversion quand ils en voient une. D’autant que les méthodes de Diagne ne datent pas d’hier : son hostilité envers Sonko, bien documentée, n’est pas née d’un désir de justice, mais de la peur de perdre ses privilèges. Quand on a passé des années à attaquer un homme politique, à le diaboliser, à le présenter comme une menace pour la démocratie, il est difficile de faire croire, du jour au lendemain, que l’on est soi-même une victime de son « autoritarisme ».
Cette affaire n’est pas sans rappeler d’autres cas, au Sénégal comme ailleurs en Afrique francophone, où des personnalités puissantes, une fois confrontées à la justice, ont tenté de se draper dans la respectabilité bafouée. On pense à ces anciens ministres, ces hommes d’affaires, ces journalistes qui, après avoir profité du système, se mettent à pleurer l’injustice quand la machine judiciaire se met en branle. Au Sénégal, l’histoire récente regorge d’exemples : des affaires de détournements de fonds publics, de rétrocommissions, où les accusés ont systématiquement cherché à politiser leur procès pour échapper à leur responsabilité pénale. La différence, cette fois, c’est que le pouvoir en place semble déterminé à aller au bout des enquêtes, quitte à bousculer les habitudes d’impunité
Ce qui est peut-être le plus révélateur dans cette affaire, c’est la réaction d’une partie de l’opinion publique et des médias. Certains, par réflexe ou par calcul, se rangent immédiatement du côté de Diagne, comme si le simple fait d’être poursuivi par la justice du gouvernement Sonko suffisait à le blanchir de toute suspicion. Comme si, au Sénégal, la présomption d’innocence ne valait que pour ceux qui savent jouer des réseaux et des symboles. Cette hypocrisie collective est d’autant plus frappante que les mêmes qui pleurent aujourd’hui la « traque » de Diagne sont souvent ceux qui, hier, restaient silencieux face aux exactions commises sous d’autres régimes.
Ousmane Sonko, lui, a été traîné dans la boue pendant des années, accusé de tous les maux, avant d’être finalement innocenté par la justice. On lui a reproché son intransigeance, son radicalisme, son refus des compromis. Pourtant, c’est cette même intransigeance qui permet aujourd’hui à la justice de fonctionner, même si c’est de manière imparfaite. Est-ce vraiment un hasard si les premiers à crier au harcèlement sont souvent ceux qui ont le plus à se reprocher ?
Madiambal Diagne aurait pu choisir la dignité : se présenter devant la justice, répondre des accusations portées contre lui, et, s’il est innocent, le prouver. Au lieu de cela, il a préféré la fuite, la victimisation, et l’accusation facile. Son cas est emblématique d’une certaine élite sénégalaise, prompt à donner des leçons de morale mais incapable d’assumer ses propres erreurs. Plutôt que de reconnaître ses torts, il préfère accuser Sonko, la justice, le système tout sauf lui-même.
La vraie question n’est pas de savoir si Ousmane Sonko est un ange ou un démon. Elle est de savoir si, dans ce pays, la justice doit enfin s’appliquer à tous, y compris à ceux qui ont longtemps cru être au-dessus des lois. Si Diagne est innocent, qu’il le prouve. Mais s’il est coupable, alors qu’il assume les conséquences de ses actes, comme tout citoyen devrait le faire. Car la démocratie, ce n’est pas seulement le droit de critiquer le pouvoir. C’est aussi le devoir de répondre de ses actes devant la justice, sans chercher à se cacher derrière des complots imaginaires.
En attendant, une chose est sûre : au Sénégal comme ailleurs, il est toujours plus facile de faire des « conneries » et d’accuser ensuite le Premier ministre de harcèlement. Apparemment, ça marche encore. Mais jusqu’à quand ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 03/10/2025
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