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L’actualité récente nous rappelle une fois de plus les excès verbaux de Guy Marius Sagna, député et activiste sénégalais, qui s’en prend avec sa verve habituelle au Fonds monétaire international (FMI). Dans une sortie aussi tonitruante qu’inconsidérée, il accuse l’institution de Bretton Woods d’être « un machin de l’impérialisme » et appelle les « patriotes » du Sénégal à refuser toute collaboration avec elle. Ces déclarations, relayées sur ses plateformes numériques, surviennent alors que le FMI a différé sa décision concernant un nouveau programme d’aide au Sénégal, en attendant des garanties de transparence et de réformes de la part des autorités locales.
Si le contexte est effectivement tendu, la posture de Sagna relève davantage du populisme que de l’analyse économique sérieuse. Son discours, aussi bruyant soit-il, ne résiste pas à l’examen des faits et des enjeux réels.
Le Sénégal traverse une période économique délicate, marquée par la révélation d’une dette publique sous-évaluée et de déficits budgétaires dissimulés sous l’ère Macky Sall. La Cour des comptes a confirmé en février 2025 l’existence d’une dette cachée de 7 milliards de dollars, ce qui a conduit le FMI à suspendre ses décaissements et à exiger des mesures correctives avant toute reprise de la coopération. Le gouvernement actuel, dirigé par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, tente de redresser la barre, mais se heurte à la méfiance des bailleurs internationaux et à la réalité des chiffres. Le FMI, souvent critiqué pour ses conditionnalités, agit ici en institution responsable : il ne peut valider un nouveau programme sans assurance que les erreurs du passé ne se répéteront pas.
Guy Marius Sagna, dans sa rhétorique simpliste, réduit le FMI à un outil de domination occidentale. Pourtant, les faits montrent que l’institution a déjà salué les efforts de transparence du gouvernement sénégalais et s’est déclarée prête à soutenir un nouveau programme, à condition que les réformes promises soient mises en œuvre. Le FMI n’est pas un ennemi, mais un partenaire exigeant ce qui est normal lorsqu’il s’agit de fonds publics et de stabilité économique. Accuser le FMI de « mentir » et de « protéger Macky Sall » revient à nier la réalité des audits et des rapports indépendants qui ont confirmé les manquements de l’ancien régime. Plutôt que de chercher des boucs émissaires, ne faudrait-il pas s’interroger sur la responsabilité des dirigeants locaux dans la gestion désastreuse des finances publiques ?
Les rapports de la Cour des comptes et de l’Inspection générale des finances ont été validés par des instances nationales et internationales. Le FMI a suspendu ses aides non par caprice, mais parce que la dissimulation de la dette met en péril la crédibilité du Sénégal sur les marchés financiers. Refuser de payer une dette « illégitime » sans preuve juridique solide, comme le propose Sagna, reviendrait à isoler le pays et à aggraver sa crise.
Les déclarations de Sagna, aussi médiatisées soient-elles, ne proposent aucune alternative crédible. Le Sénégal a besoin de financements pour relancer son économie, et le FMI reste l’un des rares bailleurs capables de débloquer des fonds à des taux préférentiels. Rejeter son aide sans plan B, c’est condamner le pays à l’asphyxie financière.
Dans d’autres pays africains, comme l’Argentine ou le Chili, les politiques d’ajustement structurel ont parfois été douloureuses, mais elles ont aussi permis de rétablir la confiance des investisseurs et de relancer la croissance. En Afrique subsaharienne, les pays qui ont collaboré avec le FMI, tout en menant des réformes ambitieuses, ont souvent obtenu de meilleurs résultats que ceux qui ont choisi la confrontation.
Guy Marius Sagna incarne une forme de populisme qui flatte les frustrations, mais ne propose rien de concret. L’économie sénégalaise a besoin de sérieux, de transparence et de réformes, pas de diatribes stériles. Le FMI, malgré ses défauts, reste un partenaire incontournable pour sortir le pays de l’impasse. Plutôt que de crier à l’impérialisme, les dirigeants et les activistes feraient mieux de travailler à des solutions réalistes et durables. Guy Marius Sagna, de grâce, il faut laisser place à ceux qui comprennent les enjeux et savent négocier dans l’intérêt du Sénégal.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Adama Diouf.
Mis en ligne : 07/10/2025
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