« Macky Sall est maîtrisable » : Pourquoi le Pastef refuse-t-il d’agir ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 11/10/2025 12:10:00

« Macky Sall est maîtrisable » : Pourquoi le Pastef refuse-t-il d’agir ?

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Les déclarations récentes d’Habib Sy, allié historique d’Ousmane Sonko et figure majeure du Pastef, ont jeté un pavé dans la mare politique sénégalaise. Invité de l’émission « Point de vue » sur la RTS, le PCA de la Senelec a publiquement critiqué le manque de fermeté du nouveau pouvoir face à l’ingérence persistante de Macky Sall, affirmant sans détour : « Notre pouvoir n’est pas suffisamment sécurisé. » Ces mots, prononcés par un proche du régime, révèlent une fracture au sein même du camp présidentiel. Ils soulèvent une question : le Pastef, parti porté au pouvoir par des années de lutte contre l’ancien régime, est-il en train de trahir ses propres promesses ?

En laissant Macky Sall agir en toute impunité depuis l’étranger, Diomaye Faye et son gouvernement risquent non seulement de décevoir leurs militants, mais aussi de préparer le terrain pour un retour en force de l’ancien président. Une trahison des idéaux de rupture et de justice qui menace l’avenir du Sénégal.

Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal était censé tourner la page de l’ère Macky Sall, marquée par des années de répression, de corruption et de gestion opaque des affaires publiques. Pourtant, force est de constater que l’ancien président, loin de se faire discret, continue de mener des activités politiques depuis l’étranger, organisant son parti, influençant les débats nationaux, et brouillant même les déplacements officiels du président en exercice. Habib Sy ne mâche pas ses mots : « Macky Sall ne doit plus, à partir de l’étranger, continuer à mener des activités politiques ici au Sénégal. S’il veut faire de la politique, il n’a qu’à venir ici. » Cette situation, inédite en Afrique, où les anciens chefs d’État se font généralement discrets après leur mandat, est d’autant plus choquante qu’elle est tolérée par un pouvoir qui se revendique de la rupture.

Les militants du Pastef, qui ont lutté dans la rue, subi la répression et cru en la promesse d’un Sénégal nouveau, voient aujourd’hui leur combat réduit à néant. Les révélations sur la dette cachée, les coupes budgétaires dénoncées par l’APR, et l’absence de mesures concrètes contre les responsables de l’ancien régime alimentent un sentiment de trahison. Pire, des figures comme Habib Sy, pilier du parti, critiquent publiquement la gestion du dossier Macky Sall, preuve que la base du Pastef est en train de se fracturer.

L’attitude de Diomaye Faye face à Macky Sall interroge. Le président a certes évoqué la nécessité d’une justice « juste et équitable », mais dans les faits, aucune mesure forte n’a été prise pour limiter l’influence de son prédécesseur. Pourtant, les exemples ne manquent pas en Afrique : des anciens présidents ont été poursuivis pour malversations, comme au Sénégal même où des ministres de Macky Sall voient leur immunité levée. Pourquoi, dès lors, tolérer que Macky Sall organise son parti depuis le Maroc, intervienne dans les médias internationaux, et continue de peser sur la vie politique sénégalaise ?

Cette passivité est d’autant plus incompréhensible que le Pastef a été élu sur un programme de rupture. Les militants, qui ont supporté les arrestations arbitraires et les violences policières sous Macky Sall, attendaient une réponse à la hauteur de leurs sacrifices. Or, non seulement le pouvoir actuel ne sécurise pas son autorité, mais il semble même craindre d’affronter l’ancien président. « Macky Sall est maîtrisable », martèle Habib Sy, mais où est la volonté politique pour le faire ?

Les divisions internes au Pastef sont désormais publiques. Des nominations controversées, des critiques contre l’entourage présidentiel, et des tensions entre Sonko et Diomaye Faye révèlent un parti en crise, incapable de passer du statut de mouvement contestataire à celui de parti de gouvernement. Certains militants accusent Diomaye de s’entourer d’anciens caciques du système honni, tandis que d’autres dénoncent un manque de cohérence dans la gestion des dossiers sensibles. Le risque est grand de voir le Pastef se diluer dans les compromissions qu’il a toujours combattues.

En laissant Macky Sall agir sans contraintes, Diomaye Faye prépare-t-il, malgré lui, son propre renversement ? L’histoire africaine regorge d’exemples où l’inaction face à un ancien dirigeant ambitieux a conduit à des retours en force ou à des déstabilisations. Au Sénégal, la situation est d’autant plus explosive que Macky Sall, loin de se retirer, multiplie les interventions médiatiques et politiques, comme en témoignent ses récentes sorties sur la dette cachée ou ses activités à l’international.

Les déclarations d’Habib Sy ne sont pas anodines : elles révèlent une inquiétude réelle au sein du pouvoir. Si le régime ne prend pas les devants, Macky Sall pourrait bien revenir sur le devant de la scène, non pas par les urnes, mais par la faiblesse de ses successeurs. Les Sénégalais, qui ont massivement voté pour le changement, ne comprendraient pas une telle régression. Le Pastef, en refusant d’agir, trahit non seulement ses militants, mais aussi la confiance du peuple.

Le Pastef est aujourd’hui face à un dilemme : soit il assume pleinement sa rupture avec l’ancien régime, en prenant des mesures fortes pour sécuriser le pouvoir et rendre des comptes aux Sénégalais, soit il risque de passer à la postérité comme le parti qui a trahi ses idéaux. Les déclarations d’Habib Sy doivent servir d’électrochoc. Diomaye Faye et Ousmane Sonko doivent prouver qu’ils sont à la hauteur des attentes. Sinon, l’histoire retiendra que le Pastef aura été le maillon faible d’une alternance avortée, ouvrant la voie à un retour de Macky Sall et à une nouvelle trahison de la démocratie sénégalaise.

La question reste entière : le Pastef a-t-il encore la volonté de gouverner, ou est-il déjà prisonnier de ses propres contradictions ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Doudou Diallo.
Mis en ligne : 11/10/2025

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