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Dans nos sociétés africaines, des histoires comme celle d’Awa se vivent en silence, derrière des portes closes. Awa, jeune femme issue d’une famille stricte et pieuse, pensait avoir fait « tout ce qu’il faut » pour se protéger. Élevée dans la rigueur d’un père militaire et d’une mère soucieuse des convenances, elle n’a jamais connu les aventures amoureuses que l’on prête souvent à la jeunesse. Pas de flirt, pas d’escapade, rien d’autre que l’école, la maison et l’église. Puis vint Yacouba, un étudiant doux et respectueux qui devint son mari.
Pour Awa, ce mariage devait être le début d’une nouvelle vie : l’amour, la stabilité, la liberté enfin. Mais quelques mois plus tard, le diagnostic est tombé : elle est séropositive. Pour une femme qui se disait vierge jusqu’au mariage et n’a connu qu’un seul homme, le choc est immense. Comme beaucoup, elle a d’abord cru à une erreur médicale. Puis, face à la confirmation du second test, le désarroi l’a envahie.
Cette histoire soulève une question dérangeante et souvent passée sous silence : pourquoi, en 2025 encore, tant de femmes ignorent-elles les différentes voies possibles de transmission du VIH ? Et surtout, pourquoi la culpabilité pèse-t-elle presque exclusivement sur leurs épaules ? Dans l’esprit collectif, le virus est encore associé à des comportements « immoraux » ; la femme est jugée avant d’être écoutée. On lui suggère un « sort », un « envoûtement », ou on l’envoie vers des prophétesses au lieu de l’accompagner vers des soins et du soutien psychologique.
Le cas d’Awa rappelle que le VIH n’est pas uniquement lié aux relations sexuelles. Il peut se transmettre par transfusions, matériel médical contaminé, blessures ou autres circonstances souvent ignorées du grand public. Pourtant, le poids de la stigmatisation enferme ces femmes dans la honte et le silence. Elles craignent le rejet de leur époux, le soupçon d’infidélité, et parfois même l’exclusion familiale.
Au-delà de l’émotion qu’elle suscite, le témoignage d’Awa doit interpeller nos consciences. Nos sociétés doivent réapprendre à écouter avant de juger. Elles doivent aussi faire un travail massif de sensibilisation sur la diversité des modes de transmission du VIH et sur les possibilités de vivre normalement avec ce virus grâce aux traitements disponibles.
Awa n’a pas trahi son mari. Elle n’a pas « mérité » ce qui lui arrive. Mais elle est aujourd’hui prisonnière d’un double fardeau : la maladie et le jugement social. Il est urgent que nous changions de regard et que nous cessions d’associer systématiquement séropositivité et « faute morale ».
Ce que vit Awa n’est pas un cas isolé. C’est un miroir de nos préjugés collectifs. Elle nous rappelle que, derrière chaque chiffre sur le VIH, il y a une histoire humaine faite d’innocence, de douleur, de dignité et d’espoir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 11/10/2025
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