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Le gouvernement sénégalais vient de dévoiler son Plan spécial d’investissement 2026-2028, présenté comme une « nouvelle trajectoire économique » pour le pays. Sous la houlette du Premier ministre Ousmane Sonko, ce plan s’inscrit dans la Vision Sénégal 2050 et promet de « redresser, impulser et accélérer » la croissance, grâce à une planification étatique renforcée et seize réformes structurantes. Sur le papier, l’ambition est louable. Mais derrière les mots rutilants et les promesses grandiloquentes se cache une réalité bien moins reluisante : celle d’un dirigeant dont le discours économique se résume à des effets d’annonce, tandis que ses actes trahissent une absence criante de courage et de cohérence.
Plutôt que de s’attaquer aux vrais défis gouvernance, transparence, rationalisation de l’administration, Sonko préfère les postures faciles et les attaques contre le franc CFA, symbole commode de tous les maux. Pourtant, quand il s’agit de passer des paroles aux actes, le Premier ministre se défile, révélant ainsi son incompétence et son populisme.
Ousmane Sonko a bâti sa réputation sur un discours radical, dénonçant la corruption, l’impérialisme monétaire et l’inefficacité de l’État. Élu avec une majorité parlementaire écrasante (130 députés), il disposait des moyens pour transformer le Sénégal. Las, les faits sont têtus : les réformes annoncées peinent à se concrétiser, et les engagements phares de sa campagne criminalisation de l’homosexualité, publication de son patrimoine, rationalisation de l’administration sont soit abandonnés, soit reportés sine die. Pire, Sonko semble avoir oublié jusqu’à ses propres promesses économiques, comme la multiplication par cinq du budget grâce aux ressources naturelles, un serment aujourd’hui aux abonnés absents.
Son approche ? Un mélange de démagogie et d’immobilisme. Il attaque le franc CFA, accusé de tous les blocages, mais reste étrangement silencieux sur les leviers concrets qu’il pourrait actionner en tant que chef du gouvernement. Le Plan 2026-2028, censé incarner une rupture, ressemble furieusement à un catalogue de bonnes intentions, sans mécanisme clair de suivi ni garantie de transparence. Pendant ce temps, les Sénégalais attendent toujours des actes : des emplois, des infrastructures, une administration efficace. À la place, ils obtiennent des discours creux et une gestion opaque, comme en témoigne l’absence de publication du bulletin trimestriel de la dette publique pour le dernier trimestre 2024 un comble pour celui qui se présentait comme le champion de la transparence.
Le populisme de Sonko n’est pas un hasard, mais une stratégie. Incapable de tenir un discours crédible sur l’investissement et les opportunités économiques, il préfère désigner des boucs émissaires le CFA, l’Occident, l’élite corrompue plutôt que d’assumer ses responsabilités. Pourtant, en tant que Premier ministre, il a le pouvoir de nommer des ministres, de réformer l’administration, de publier des rapports. Que fait-il de cette autorité ? Rien, ou presque.
Prenons l’exemple des inondations qui ravagent régulièrement le pays. Plutôt que de se rendre sur le terrain pour affronter la colère des sinistrés, Sonko se contente d’un coup de fil depuis son bureau. Un cynisme qui en dit long sur son mépris pour les citoyens. De même, il refuse d’organiser le procès Sweet Beauty, malgré les soupçons de complot politique qu’il agite lui-même, rapport de la gendarmerie à l’appui. Quant au rapport accablant sur Mame Mbaye Niang, promis à la publication, il dort dans les tiroirs. Même son engagement à rationaliser l’administration d’ici juin 2025 semble déjà compromis.
Son inaction contraste avec son activisme verbal. Il dénonce la dette, mais ne propose aucune alternative crédible. Il promet la souveraineté économique, mais ne prend aucune mesure pour diversifier les revenus de l’État ou lutter contre la gabegie. Résultat : le Sénégal reste prisonnier des mêmes schémas, avec en plus un dirigeant qui préfère les effets de manche aux solutions concrètes.
Criminaliser l’homosexualité ? Oubliée. Publier son patrimoine ? Aux calendes grecques. Rationaliser l’administration ? Reporté. Les 130 députés de sa majorité ne servent à rien si ce n’est à valider son immobilisme.
Comment croire en un plan économique « transparent » quand le gouvernement refuse de communiquer sur la dette ou sur des rapports sensibles ? La confiance se mérite, elle ne se décrète pas.
Un appel téléphonique pour les inondés, des discours enflammés contre le CFA, mais aucun projet tangible pour améliorer leur quotidien. Le populisme, c’est cela : beaucoup de bruit pour rien.
Seize réformes engagées, cinq lois votées… et après ? Sans suivi rigoureux, sans évaluation indépendante, ces mesures risquent de rejoindre le cimetière des bonnes intentions. Les Sénégalais ont déjà vu cela : des plans ambitieux (comme le PSE) qui finissent en queue de poisson.
À l’inverse de Sonko, des dirigeants africains ont su concilier discours et action. Au Rwanda, Paul Kagame a modernisé l’administration et attiré les investissements sans tomber dans la démagogie. En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a réhabilité les infrastructures et stimulé la croissance sans attaquer le franc CFA. Même au Ghana, où la dette a été restructurée dans la douleur, le gouvernement assume ses choix. Sonko, lui, préfère les postures victimaires comme si le Sénégal était une éternelle victime, jamais responsable de son destin.
Ousmane Sonko avait le choix : être l’artisan d’un Sénégal plus prospère ou le tribun d’un populisme stérile. Il a choisi la seconde option. Son Plan 2026-2028, aussi ambitieux soit-il sur le papier, ne changera rien sans volonté politique. Or, force est de constater que cette volonté fait cruellement défaut. Entre les promesses non tenues, l’opacité persistante et le mépris affiché pour les citoyens, le Premier ministre incarne aujourd’hui l’échec d’un leadership sans courage.
Le Sénégal mérite mieux qu’un dirigeant qui se cache derrière des slogans. Il mérite un gouvernement qui agit, qui rend des comptes, qui assume ses responsabilités. En attendant, Sonko reste ce qu’il a toujours été : un populiste, incompétent et incapable de transformer ses mots en actes. Aux Sénégalais de lui rappeler que la crédibilité se juge aux résultats, pas aux discours.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Diongue.
Mis en ligne : 14/10/2025
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