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L’actualité sénégalaise est récemment marquée par un échange musclé entre Juan Branco, avocat franco-espagnol, et les conseillers juridiques de l’ancien président Macky Sall. Le premier accuse les seconds de manipuler l’opinion publique et de fuir leurs responsabilités, tandis que ces derniers défendent leur client contre les allégations de « dette cachée ». Si le fond du débat, la transparence de la gestion publique, est légitime, la forme qu’il prend est préoccupante : deux camps s’affrontent, chacun s’appuyant sur des acteurs étrangers pour porter leur cause.
Cette situation soulève une question essentielle : le Sénégal a-t-il besoin d’étrangers pour régler ses comptes politiques et judiciaires ? Cette ingérence, qu’elle vienne de militants auto-proclamés ou d’avocats mercenaires, dessert l’intérêt général et affaiblit la souveraineté nationale.
Depuis plusieurs mois, l’affaire de la « dette cachée » agite la scène politique sénégalaise. Macky Sall, mis en cause pour une présumée dissimulation de dettes publiques, a mandaté des cabinets d’avocats français et sénégalais pour contester les accusations et « vérifier la véracité » des chiffres avancés. De son côté, Juan Branco, connu pour son engagement aux côtés de l’opposition, multiplie les prises de parole virulentes sur les réseaux sociaux, se posant en juge moral d’un pays dont il n’est ni citoyen ni élu.
Son interventionnisme, tout comme le recours de Macky Sall à des avocats étrangers, révèle une tendance inquiétante : la judicialisation et la médiatisation des affaires intérieures par des acteurs extérieurs, souvent plus soucieux de leur propre visibilité ou de leurs intérêts financiers que de la vérité ou de la justice.
Juan Branco, dont le profil médiatique et les prises de position tranchées ont déjà valu des démêlés avec la justice sénégalaise, incarne une forme d’ingérence militante. Son arrestation en 2023, puis son expulsion, avaient déjà illustré les limites de son engagement : accusé d’avoir « compromis la sécurité publique » et d’avoir agi en dehors des cadres diplomatiques classiques, son cas dépasse le simple soutien juridique pour toucher à la souveraineté nationale.
Ses critiques contre Macky Sall, bien que relayées avec force, ne masquent pas le fait qu’il n’a aucun mandat populaire pour parler au nom des Sénégalais. Son engagement sélectif, il a récemment retourné sa veste contre ses anciens alliés politiques, interroge : s’agit-il d’une quête de justice ou d’une stratégie personnelle pour rester sous les projecteurs ?
De l’autre côté, Macky Sall, en s’entourant d’avocats français de renom, envoie un signal ambigu. Pourquoi un ancien chef d’État, familier des institutions sénégalaises et africaines, choisit-il de confier sa défense à des étrangers plutôt qu’à des juristes locaux ? Cette démarche, loin de rassurer, alimente le soupçon d’un double discours : d’un côté, on invoque la fierté nationale ; de l’autre, on recourt à des experts payés « rubis sur l’ongle » pour défendre des intérêts privés. Pire, cette externalisation de la défense juridique risque de discréditer les compétences locales et de donner l’impression que la justice sénégalaise n’est pas à la hauteur, un message dangereux pour la crédibilité des institutions.
L’ingérence étrangère constitue un danger pour la démocratie : le Sénégal a déjà connu des épisodes où l’immixtion d’acteurs extérieurs dans ses affaires intérieures a été sanctionnée. Que ce soit Branco, qui s’érige en tribun sans légitimité, ou les avocats français de Sall, qui transforment un débat national en bataille médiatique, leur présence polarise et détourne l’attention des vrais enjeux.
De plus, les Sénégalais sont les grands absents de cette polémique. Les échanges se réduisent à des joutes entre personnalités étrangères, tandis que les citoyens, les experts locaux et les institutions peinent à se faire entendre. La justice, la transparence et la reddition des comptes devraient être portées par des acteurs nationaux, dans le respect des procédures et des contre-pouvoirs locaux.
Les conférences de presse, les tribunes et les posts sur X (ex-Twitter) transforment une affaire sérieuse en feuilleton médiatique. Cette surenchère nuit à la sérénité du débat et à la recherche de solutions durables. Elle rappelle d’autres contextes africains où des affaires judiciaires ont été instrumentalisées par des acteurs extérieurs, au détriment de la stabilité et de la cohésion sociale.
Le Sénégal mérite mieux qu’un débat confisqué par des étrangers, qu’ils soient militants ou mercenaires. La souveraineté nationale, la dignité des institutions et la confiance dans la justice locale doivent primer. Il est temps que les Sénégalais et eux seuls, reprennent la main sur leurs affaires. Aux responsables politiques de cesser de se cacher derrière des avocats ou des porte-parole étrangers ; aux citoyens d’exiger que ces questions soient traitées avec sérieux, transparence et respect pour les procédures locales.
Assez des ego et des intérêts extérieurs ! Le Sénégal a les ressources humaines et institutionnelles pour régler ses différends. Que chacun assume ses responsabilités : Macky Sall doit s’expliquer devant les instances compétentes, sans écran de fumée ; Juan Branco et ses semblables doivent laisser les Sénégalais maîtriser leur destin. La dignité du pays est en jeu, il est temps de la restaurer, sans intermédiaire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Tidiane N.
Mis en ligne : 02/11/2025
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