L’opposition et la majorité : Deux faces d’une même pièce usée - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 14/11/2025 12:11:00

L’opposition et la majorité : Deux faces d’une même pièce usée

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Invité de l’émission Jury du Dimanche sur iRadio, le député Abdou Mbow a récemment clarifié ses relations tendues avec le Premier ministre Ousmane Sonko, tout en critiquant vertement l’attitude de ce dernier face aux difficultés des Sénégalais. Si ses propos révèlent une animosité personnelle contenue, ils illustrent surtout une réalité plus large : celle d’une classe politique sénégalaise prisonnière de luttes de pouvoir stériles, tandis que le pays s’enfonce dans la crise. Ces divisions ne servent que les intérêts de quelques-uns, au détriment du peuple, pris en otage entre une majorité inefficace et une opposition opportuniste.

Depuis plusieurs années, le Sénégal est secoué par une crise politique et sociale profonde. La cherté de la vie, les épidémies récurrentes, et l’absence de solutions concrètes ont exaspéré une population déjà éprouvée. L’arrivée au pouvoir du Pastef, portée par des promesses de rupture et de justice sociale, a suscité l’espoir. Pourtant, plus d’un an après l’élection de Bassirou Diomaye Faye, les attentes restent largement déçues. Le parti au pouvoir, comme l’opposition, semble incapable de proposer des réponses à la hauteur des défis. Les meetings et les déclarations enflammées se multiplient, mais les actes manquent cruellement. Le rassemblement prévu le 8 novembre par le Pastef, dénoncé par Abdou Mbow comme un manque de respect envers les Sénégalais en pleine épidémie, en est une illustration frappante. Comment expliquer que, dans un tel contexte, les dirigeants préfèrent s’affronter plutôt que de travailler ensemble pour le bien commun ?

Abdou Mbow, figure de l’APR, incarne cette logique de confrontation. Il affirme ne plus croire aux promesses de Sonko, tout en reconnaissant implicitement que son propre camp n’a pas su éviter la dégradation des conditions de vie. Son scepticisme à l’égard du meeting du 8 novembre est révélateur : plutôt que de proposer une alternative crédible, il se contente de critiquer, sans offrir de vision pour l’avenir. De son côté, Ousmane Sonko, malgré son discours de rupture, peine à concrétiser ses engagements. La cherté de la vie, la précarité énergétique, et les dysfonctionnements de la gouvernance persistent, alimentant la défiance généralisée. Comme le souligne Habib Sy, président de la Senelec, l’électricité reste trop chère pour les ménages, et les réseaux de l’ancien régime continuent d’influencer la scène politique, empêchant toute réforme en profondeur.

Premièrement, les divisions entre l’APR et le Pastef relèvent davantage d’une lutte pour le pouvoir que d’un débat d’idées. Les deux camps surfent sur la colère populaire sans proposer de solutions structurelles. Deuxièmement, l’opposition, loin d’être un contre-pouvoir constructif, se contente souvent de dénoncer sans construire. Enfin, les Sénégalais, las de ces querelles, attendent des actes. La phrase d’Abdou Mbow, « Je ne croirai plus jamais à ses dires », résume à elle seule la défiance généralisée envers une classe politique perçue comme déconnectée et inefficace. Où sont les projets concrets pour sortir de la crise ? Où sont les réformes qui amélioreraient le quotidien des citoyens ?

Cette situation rappelle d’autres contextes africains où les clivages politiques ont paralysé les institutions et aggravé les crises. Au Burkina Faso ou en Guinée, les transitions politiques ont souvent été marquées par des promesses non tenues et des luttes de pouvoir stériles, au détriment du développement. Au Sénégal, le risque est le même : que les divisions actuelles ne fassent que creuser les inégalités et affaiblir la démocratie.

Le Sénégal mérite mieux que ces jeux politiques. Il faut que la majorité et l’opposition sortent de leur logique de confrontation pour se concentrer sur l’essentiel : améliorer les conditions de vie des Sénégalais. Sans cela, la défiance ne fera que grandir, et le pays risque de s’enliser dans une crise sans fin. La balle est dans le camp des dirigeants : sauront-ils enfin mettre de côté leurs divergences pour agir dans l’intérêt général ?.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Roger Badji.
Mis en ligne : 14/11/2025

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