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L’arrestation récente des journalistes Maimouna Ndour Faye et Babacar Fall, rapidement libérés mais non sans susciter l’indignation, a provoqué une vague de réactions au Sénégal. Parmi les voix les plus fortes, celle de Cheikh Oumar Diagne, ancien chef des Moyens généraux de la Présidence, résonne comme un rappel à l’ordre : « C’est irresponsable, li yefou say say la ». Cet incident, bien que regrettable, doit être saisi comme une opportunité pour le régime de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko de prouver qu’il est à la hauteur des attentes placées en lui. Porté par des promesses de rupture avec les dérives du passé, ce gouvernement a aujourd’hui l’occasion de transformer une crise en levier pour renforcer la démocratie et la liberté de la presse.
Le Sénégal, souvent cité en exemple pour sa stabilité démocratique en Afrique, traverse une période charnière. Le duo Diomaye-Sonko a été élu sur un programme ambitieux : rompre avec les abus de pouvoir, garantir les libertés fondamentales, et instaurer une gouvernance transparente. Pourtant, l’arrestation de journalistes, même brève, rappelle les vieux démons que le pays croyait avoir exorcisés. Dans un contexte où la société civile et les médias jouent un rôle clé de contre-pouvoir, chaque geste du pouvoir est scruté à la loupe. La réaction de Cheikh Oumar Diagne, figure respectée pour son engagement en faveur de la justice, souligne l’écart entre les promesses et la réalité. Mais elle offre aussi une chance au régime : celle de montrer qu’il sait écouter, corriger, et avancer.
L’interpellation des journalistes, perçue comme une atteinte à la liberté de la presse, a immédiatement été dénoncée comme un retour en arrière. Pourtant, leur libération rapide démontre une capacité à réagir face à la pression citoyenne. Ce revirement, s’il est suivi d’actes concrets, peut devenir le symbole d’un pouvoir capable de s’autocorriger. Comme l’a souligné Cheikh Oumar Diagne, « on ne peut pas, au nom du pouvoir, s’en prendre à des journalistes qui n’ont fait que leur travail ». Ces mots rappellent une vérité simple : une démocratie se juge à sa capacité à protéger ceux qui la questionnent, pas à les museler.
Cet épisode n’est pas isolé. Dans d’autres pays africains, comme la Tunisie ou le Ghana, des gouvernements issus de transitions démocratiques ont dû faire face à des crises similaires. Certains ont choisi la répression, aggravant la défiance ; d’autres ont saisi l’occasion pour renforcer les garanties juridiques et institutionnelles. Le Sénégal, avec son histoire de résistance pacifique et son tissu associatif dynamique, a tous les atouts pour emprunter cette seconde voie.
La libération rapide des journalistes prouve que le régime n’est pas sourd aux critiques. C’est un premier pas, mais il doit être suivi d’une réflexion profonde sur les mécanismes de protection des médias.
Cet incident doit servir de catalyseur pour adopter des lois protégeant explicitement les journalistes, comme le demande depuis longtemps la société civile. Des pays comme le Costa Rica ou l’Uruguay ont montré que des cadres juridiques clairs réduisent les tensions entre pouvoir et presse.
Le gouvernement Diomaye-Sonko a été élu sur des promesses de transparence. Pour les honorer, il doit aller plus loin que des gestes ponctuels : instaurer un dialogue permanent avec les acteurs des médias, clarifier les règles encadrant les interpellations, et sanctionner les abus.
La mobilisation immédiate des citoyens, des avocats et des journalistes montre que le Sénégal dispose d’une société civile vigilante. C’est une force, pas une menace. Le pouvoir gagnerait à en faire une partenaire pour bâtir une démocratie plus solide.
En Afrique du Sud, après des années de tensions sous Jacob Zuma, l’arrivée de Cyril Ramaphosa a été marquée par des réformes visant à protéger les lanceurs d’alerte et les journalistes. Au Ghana, malgré des pressions, la liberté de la presse reste l’un des piliers de la démocratie. Ces exemples prouvent qu’un régime peut tirer des leçons de ses erreurs et en sortir renforcé. Le Sénégal, avec son capital démocratique, peut faire mieux : en transformant cette crise en une réforme exemplaire, il pourrait inspirer le continent.
« Li yefou say say la » cette phrase en wolof, qui résume l’exigence citoyenne, doit résonner comme un appel à l’action. Le régime Diomaye-Sonko a le choix : soit il laisse cet incident entacher sa crédibilité, soit il en fait le point de départ d’une nouvelle ère de respect des libertés. La balle est dans son camp. La libération des journalistes est une première réponse, mais le vrai test sera dans la durée : des réformes ambitieuses, un dialogue ouvert, et une volonté inébranlable de protéger ceux qui informent et questionnent.
À Diomaye et Sonko de prouver qu’ils sont les dirigeants que le pays attend : ceux qui savent transformer les épreuves en opportunités, et les critiques en leviers de progrès. L’histoire les jugera non sur leurs intentions, mais sur leur capacité à les concrétiser. L’occasion est trop belle pour la gâcher.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Amadou Lo.
Mis en ligne : 15/11/2025
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