Un discours creux : Macky Sall face à ses propres échecs - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 08/11/2025 12:11:00

Un discours creux : Macky Sall face à ses propres échecs

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L’ancien président Macky Sall a marqué son retour sur la scène politique sénégalaise par un discours virulent contre le pouvoir actuel, accusé de « dérive autoritaire » et de destruction de l’héritage démocratique du pays. Lors de l’installation du secrétariat exécutif national de l’APR, il a dénoncé un « effondrement programmé » du modèle démocratique, tout en se targuant d’avoir légué un « formidable héritage » au peuple sénégalais. Pourtant, derrière les mots forts et les attaques personnelles, une question persiste : où sont les propositions concrètes de Macky Sall pour répondre aux défis économiques et sociaux qui étouffent le Sénégal ?

Son intervention, plus qu’un appel au renouveau, sonne comme un exercice de communication politique, déconnecté des réalités vécues par les Sénégalais.

Le Sénégal fait face à des défis majeurs : un chômage des jeunes endémique, une inflation persistante, une dette publique alarmante et une crise énergétique qui pèse sur le pouvoir d’achat. Selon les dernières données, le taux de chômage des jeunes atteint 24 % en milieu urbain et jusqu’à 41 % pour les 18-35 ans, avec une précarité professionnelle généralisée et une économie informelle dominante. L’inflation, bien que modérée en 2025 (autour de 1,8 %), reste une préoccupation constante, tandis que la dette publique a explosé, dépassant 118 % du PIB en 2024, un niveau inédit qui alarme les institutions financières internationales. La crise énergétique, marquée par des coupures récurrentes et des coûts élevés, aggrave encore la situation, malgré les promesses de transition vers le gaz et les énergies renouvelables.

Macky Sall se présente comme le défenseur d’un Sénégal démocratique et prospère, mais son bilan est loin d’être irréprochable. Pendant ses douze ans de présidence, la dette publique est passée de 40 % à près de 80 % du PIB, avant d’être révisée à la hausse après son départ, révélant une gestion opaque des finances publiques. Les grands chantiers infrastructurels, souvent cités comme des succès, n’ont pas suffi à créer des emplois durables ni à réduire les inégalités. Pire, le chômage des jeunes a doublé, passant de 10 % en 2012 à plus de 20 % en 2024, et la pauvreté touche toujours plus d’un tiers de la population. Son appel à un « renouveau politique » et à une alliance large contre le régime actuel semble avant tout une stratégie pour rester pertinent, alors que son parti, l’APR, peine à se renouveler et à proposer un projet crédible pour l’avenir.

Macky Sall a souvent mis en avant le Plan Sénégal Émergent (PSE) et ses réalisations infrastructurelles (TER, aéroport de Diamniadio, autoroutes). Pourtant, ces investissements massifs n’ont pas permis de transformer structurellement l’économie. Les secteurs clés comme l’éducation, la santé et l’agriculture restent sous-financés, et la dépendance aux importations alimentaires persiste. Son discours actuel, centré sur la critique du pouvoir en place, évite soigneusement de proposer des solutions aux crises sociales et économiques. Il ne parle ni de réforme fiscale, ni de politique industrielle, ni de soutien aux PME, ni de stratégie pour l’emploi des jeunes. Son silence sur ces enjeux est assourdissant, d’autant que les Sénégalais attendent des réponses, pas des règlements de comptes.

À l’instar d’autres dirigeants africains, Macky Sall a privilégié les grands projets visibles au détriment des réformes structurelles. Comme au Ghana ou en Côte d’Ivoire, où les infrastructures ont masqué des déséquilibres économiques profonds, le Sénégal se retrouve aujourd’hui avec une dette insoutenable et une jeunesse désœuvrée. Son retour politique rappelle celui d’Abdoulaye Wade, qui, après son départ, avait tenté de peser sur la scène politique sans offrir de vision claire pour l’avenir. La différence ? Wade avait au moins assumé ses choix, tandis que Macky Sall se contente de dénoncer les autres, sans jamais reconnaître ses propres responsabilités dans la situation actuelle.

Le Sénégal n’a pas besoin de nouveaux clivages, mais de solutions. Macky Sall, en se positionnant comme le rempart contre le chaos, oublie que c’est sous son mandat que les déséquilibres se sont creusés. Plutôt que de s’engager dans une bataille politique stérile, il ferait mieux de contribuer à un débat apaisé et constructif, en proposant des pistes pour sortir le pays de la crise. Les Sénégalais méritent mieux que des discours creux et des postures victimaires. Ils attendent des actes, des réformes, et une vision pour l’avenir pas un retour en arrière.

Macky Sall a-t-il vraiment quelque chose à offrir au Sénégal, ou son retour n’est-il qu’une tentative désespérée de conserver une influence dans un pays qui a tourné la page ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ouzin Cisse.
Mis en ligne : 08/11/2025

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