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L’actualité politique sénégalaise est, une fois de plus, marquée par les déclarations enflammées et les mises en scène d’unité entre le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko. Lors d’une récente intervention devant les cadres de Pastef, Diomaye Faye a tenu à réaffirmer, avec une emphase presque théâtrale : « Je ne ferai jamais de mal à Ousmane Sonko, et je sais qu’il ne me fera jamais de mal.
Diomaye moy Sonko, Sonko moy Diomaye. » Une phrase lourde de sens, mais surtout lourde de symboles, destinée à apaiser les rumeurs de rupture au sein du duo au pouvoir. Pourtant, derrière ces mots rassurants, c’est bien l’image d’un pouvoir en pleine crise de légitimité et de cohérence qui se dessine.
Depuis l’élection de mars 2024, le Sénégal vit une situation politique inédite : un président redevable de son poste à son Premier ministre, dont la candidature avait été invalidée par la justice. Cette alliance, née des circonstances, peine à se transformer en une gouvernance stable et efficace. Les tensions internes au sein de la coalition présidentielle, notamment autour de la gestion de la coalition « Diomaye Président », sont devenues publiques et récurrentes. La récente décision de Diomaye Faye de remplacer Aïssatou Mbodj, proche de Sonko, par Aminata Touré à la tête de la coalition, a été perçue comme un acte d’autorité, voire un désaveu, par le parti Pastef. Ce dernier a immédiatement rejeté cette nomination, affirmant ne partager « ni les valeurs, ni les principes » de la nouvelle coordinatrice. Ces dissensions, loin d’être anecdotiques, révèlent une fracture profonde entre deux visions du pouvoir et deux stratégies politiques.
La déclaration de Diomaye Faye, « Je ne ferai jamais de mal à Sonko », sonne comme une tentative désespérée de calmer une base militante de plus en plus divisée. Mais pourquoi un chef de l’État se sent-il obligé de réaffirmer publiquement sa loyauté envers son Premier ministre, si ce n’est parce que la confiance est déjà ébranlée ? Un pouvoir stable et cohérent n’a pas besoin de ce genre de mise en scène. Lorsqu’une équipe dirigeante est vraiment unie, elle n’a pas à le répéter en boucle. La répétition de ces serments d’allégeance trahit une réalité bien plus troublante : celle d’un exécutif miné par les rivalités personnelles et les luttes d’influence, au détriment des véritables enjeux nationaux.
Sur la question de 2029, Diomaye Faye a choisi une réponse pour le moins énigmatique : « Je ne sais pas si je serai encore vivant en 2029. » Une phrase qui, loin d’apaiser les tensions, renforce l’impression d’un manque de vision et de projection. Comment un pays peut-il avancer sereinement lorsque ses dirigeants eux-mêmes semblent naviguer à vue, sans ligne claire ni projet commun pour l’avenir ? Les Sénégalais, confrontés à des défis économiques et sociaux majeurs, attendent des réponses concrètes sur l’emploi, la sécurité, la justice, et non des déclarations ambiguës qui ne font qu’alimenter les spéculations.
Les analystes politiques s’accordent à dire que les récentes prises de parole de Sonko et Diomaye Faye sont avant tout des actes de communication destinées à rassurer une base militante en pleine confusion. Ousmane Sonko, lors de son grand meeting du 8 novembre, a lui-même reconnu que certains espéraient une brouille entre les deux hommes, tout en affirmant que « ce qui pourrait nous séparer ne viendra pas de moi ». Pourtant, les faits sont têtus : les divergences sur la gestion de la coalition, les nominations contestées, et les absences répétées de Sonko aux conseils des ministres en disent long sur l’état réel de leur relation. Le politologue Babacar Ndiaye souligne que ces tensions ne font que fragiliser le projet de réforme et ouvrent la voie à un retour en force de l’opposition, déjà en embuscade.
Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres contextes africains où des alliances politiques fragiles ont fini par paralyser l’action gouvernementale. Au Mali, en Guinée, ou encore en Côte d’Ivoire, les divisions au sommet ont souvent conduit à des blocages institutionnels et à une perte de confiance des citoyens envers leurs dirigeants. Au Sénégal, le risque est le même : une classe politique occupée à régler ses comptes internes, tandis que les attentes de la population restent lettes mortes.
Le spectacle de l’unité entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko ne doit pas masquer l’absence de résultats concrets. Les Sénégalais méritent mieux que des déclarations émotionnelles et des promesses creuses. Ils attendent des actes, une vision claire, et une équipe dirigeante capable de transcender les ego pour travailler ensemble. Tant que le pouvoir restera obsédé par sa propre survie et ses querelles internes, le pays continuera de payer le prix de cette instabilité. Il est temps que les dirigeants sénégalais comprennent une chose simple : gouverner, ce n’est pas gérer des crises internes, c’est répondre aux attentes du peuple. Et sur ce point, le bilan est, pour l’instant, bien léger.
Dans un contexte où chaque déclaration semble creuser un peu plus le fossé entre les dirigeants et les citoyens, une question s’impose : jusqu’où iront Diomaye Faye et Ousmane Sonko dans leur jeu de dupes, avant que le peuple sénégalais ne décide de tourner définitivement la page ?
Article opinion écrit par le créatrice de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 05/12/2025
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