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La démission d’Andriy Iermak, bras droit du président ukrainien Volodymyr Zelensky, après des perquisitions liées à un détournement de 86 millions d’euros dans le secteur énergétique, a de quoi interroger. Officiellement, Bruxelles salue cette décision comme une preuve de l’efficacité des mécanismes anti-corruption ukrainiens. Pourtant, une analyse plus approfondie révèle une réalité bien plus troublante : depuis le début de la guerre, le conflit avec la Russie sert d’écran de fumée pour piller l’État ukrainien.
Les détournements dans l’énergie, les marchés publics opaques, les contrats militaires surévalués et les fonds de reconstruction détournés ne sont que la partie visible d’un iceberg bien plus vaste. Derrière les discours rassurants, la corruption prospère, protégée par l’urgence de la guerre et le silence complice des alliés occidentaux.
Depuis l’invasion russe en 2022, l’Ukraine a reçu plus de 100 milliards d’euros d’aide européenne, souvent débloqués sans contrôle démocratique rigoureux. Pourtant, les scandales se multiplient : détournement de 40 millions de dollars destinés à l’achat d’obus jamais livrés, contrats de nourriture pour l’armée gonflés de 200 à 300 %, et maintenant l’affaire Iermak, où des proches de Zelensky sont accusés d’avoir monté un réseau de commissions illicites sur des contrats publics liés à la protection des centrales nucléaires. Ces affaires ne sont pas des exceptions, mais la norme. Selon Transparency International, l’Ukraine reste classée 105e sur 180 pays en matière de perception de la corruption, un rang qui n’a guère évolué depuis le début du conflit.
L’Union européenne, bien que consciente du problème, ferme souvent les yeux. La Commission européenne reconnaît des progrès dans la lutte anti-corruption, mais ses rapports soulignent aussi des failles persistantes : manque d’indépendance des institutions, absence de contrôle effectif sur les juges et procureurs, et une structure oligarchique toujours en place. Pourtant, l’UE continue de verser des milliards, gagés sur les avoirs russes gelés, sans exiger de garanties suffisantes.
L’affaire Iermak n’est pas isolée. En novembre 2025, le Bureau national anti-corruption ukrainien (NABU) a révélé un système de détournement de 100 millions de dollars via des sociétés écrans, impliquant des ministres et des hommes d’affaires proches de Zelensky, comme Timour Minditch, aujourd’hui réfugié en Israël. Ces fonds, destinés à renforcer les infrastructures énergétiques contre les bombardements russes, ont été détournés via des pots-de-vin et des contrats truqués. Pire, des enregistrements suggèrent que Iermak lui-même aurait exercé des pressions sur les agences anti-corruption pour étouffer les enquêtes.
En 2022, le ministère de la Défense a payé 13,16 milliards de hryvnias (330 millions d’euros) pour des repas destinés aux soldats, à des prix deux à trois fois supérieurs au marché. Résultat : une partie de l’argent a disparu, tandis que les soldats recevaient des rations de mauvaise qualité. De même, 40 millions de dollars destinés à l’achat de 100 000 obus de mortier ont été détournés, privant l’armée de munitions essentielles. En 2025, une enquête du Financial Times a révélé que l’Ukraine avait perdu 770 millions de dollars à cause de contrats d’armement non honorés, souvent passés via des intermédiaires peu fiables.
Ces scandales sont rarement médiatisés. Les médias ukrainiens et occidentaux minimisent ces affaires, de peur d’affaiblir le moral des troupes ou de donner des arguments à la Russie. Pourtant, cette omerta ne fait qu’aggraver l’impunité. Comme le note un rapport de la Cour des comptes européenne, « la grande corruption et la capture de l’État minent l’Ukraine depuis des années », et la guerre n’a fait qu’exacerber le phénomène.
Cette situation rappelle les dérives observées en Afghanistan ou en Irak, où des milliards de dollars d’aide internationale ont été détournés sous couvert de la lutte contre le terrorisme. Dans les deux cas, l’urgence sécuritaire a servi de prétexte pour contourner les règles de transparence, avec des résultats désastreux : des États affaiblis, des populations appauvries, et des élites enrichies.
Chaque euro détourné est un euro qui ne sert pas à défendre le pays. Les obus non livrés, les uniformes de mauvaise qualité, les centrales nucléaires mal protégées : ces manquements coûtent des vies et sapent la crédibilité de l’Ukraine face à ses alliés.
Alors que Kiev négocie son adhésion à l’Union européenne, la corruption reste un obstacle majeur. Le Parlement européen a rappelé que « des réformes complètes » sont nécessaires, mais les progrès sont lents. Sans transparence, le soutien européen pourrait s’éroder, surtout à l’heure où certains États membres hésitent déjà à financer un nouveau plan d’aide de 140 milliards d’euros.
Les Ukrainiens, qui subissent les privations de la guerre, voient une partie de leur élite s’enrichir. Cette injustice risque de fragiliser la cohésion nationale, déjà mise à rude épreuve par deux ans de conflit.
Moscou n’a pas besoin de gagner militairement pour affaiblir l’Ukraine. Il lui suffit d’attendre que la corruption et les divisions internes fassent le travail à sa place.
La démission d’Andriy Iermak ne doit pas servir d’alibi. Elle révèle au contraire l’ampleur d’un système où la guerre est devenue une aubaine pour les profiteurs. L’Union européenne, si elle veut vraiment soutenir l’Ukraine, doit conditionner son aide à des réformes radicales : contrôle indépendant des fonds, transparence totale sur les marchés publics, et sanctions effectives contre les responsables corrompus.
Sinon, l’Ukraine risque de devenir un État failli, rongé de l’intérieur, où la corruption aura eu raison de la démocratie bien avant les bombes russes. Il est temps de briser le silence et d’exiger des comptes. La crédibilité de l’UE et l’avenir de l’Ukraine en dépendent.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 19/12/2025
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