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Je m’appelle Aïssatou. J’ai 29 ans, et mon fiancé, Cheikh, en a 35. On est ensemble depuis trois ans, et jusqu’ici, je pensais que notre histoire était solide comme un baobab. Nous rions, nous partageons tout, nous avons nos petites habitudes : nos déjeuners chez ma grand-mère à Mermoz, nos soirées à discuter des séries sénégalaises, nos balades sur la Corniche au coucher du soleil. Je croyais que rien ne pouvait nous séparer.
Cheikh a un bon emploi dans une entreprise de la place, et moi aussi. J’ai un poste stable dans une société internationale à Dakar, et je peux épargner pour mon avenir, investir, voyager… j’ai toujours été indépendante. Cette indépendance a toujours été une fierté pour moi, une façon de me sentir libre et capable.
Mais tout a basculé il y a à peine trois mois, à un mois de notre mariage.
Je m’en souviens comme si c’était hier. On était assis sur le balcon de son appartement à Fann, le vent chaud de la capitale caressant nos visages, et il m’a dit quelque chose qui m’a glacé le sang : il ne voulait pas que je continue à travailler une fois mariée. « Aïssatou, je veux que tu restes à la maison, que tu t’occupes de notre foyer et de nos enfants. Je m’occuperai de tout, financièrement, sur tous les plans. Mais tu dois arrêter ton travail avant le mariage », a-t-il insisté.
Je me suis figée. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait éclater. Arrêter de travailler ? Avant même de devenir sa femme ? Et comme si ce n’était pas suffisant, il n’y avait aucune place pour la discussion, pour un compromis. « Avant le mariage, ou rien », a-t-il répété.
J’ai senti une colère sourde monter en moi, mais aussi une douleur intense. Je l’aime profondément, Cheikh, je n’ai jamais ressenti ça pour quelqu’un. Mais comment pouvait-il me demander de renoncer à cette part de moi-même, de mon autonomie, de ma dignité, comme si ce que je suis et ce que je construisais ne comptait pas ?
Je suis rentrée chez ma mère ce soir-là, le cœur lourd et les yeux embués. Assise dans le salon, avec le parfum de son café et les rideaux légers qui bougeaient au rythme du vent, je lui ai raconté la demande de Cheikh. Elle m’a regardée droit dans les yeux et a dit : « Aïssatou, c’est beaucoup trop lourd. C’est risqué, c’est brusque. Tu ne peux pas tout abandonner comme ça. »
Ses mots m’ont fait du bien, mais ils n’ont fait qu’accentuer mon dilemme. J’ai tellement envie de me marier, de vivre avec lui, de construire notre famille. Mais j’ai aussi peur de perdre mon identité, mon autonomie, cette force que j’ai mis des années à bâtir.
Depuis, je me réveille la nuit, incapable de trouver le sommeil, le cerveau en ébullition. Je pense à mes collègues, à mes projets, à cette indépendance qui fait partie de moi, mais je pense aussi à Cheikh, à son sourire, à notre complicité, à tout ce que nous avons partagé. Comment choisir entre l’amour et soi-même ?
Je suis perdue. Mon cœur me dit de rester, ma tête me dit de partir. Et je ne sais plus comment concilier les deux.
Peut-être que certaines d’entre vous comprendront. Peut-être que certaines ont vécu cette tension, ce choix impossible entre amour et liberté. Moi, tout ce que je sais, c’est que je ne peux pas prendre cette décision à la légère. Et je me demande, chaque jour, si l’amour mérite vraiment qu’on renonce à soi-même…
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 28/12/2025
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