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Le 10 décembre 2025, le Sénégal et les Émirats Arabes Unis ont signé dix accords stratégiques à Dakar, visant à renforcer les investissements dans divers secteurs. Bien que ces accords soient présentés comme une avancée pour l’économie sénégalaise, ils soulèvent des préoccupations concernant une possible dépendance accrue du Sénégal envers des investisseurs étrangers. En effet, les engagements pris par les Émirats pourraient transformer des secteurs clés en instruments de dépendance économique, remettant en question la souveraineté économique du pays.
Les relations entre le Sénégal et les Émirats Arabes Unis ont évolué ces dernières années, avec un intérêt croissant pour des partenariats économiques. Les accords récents couvrent des domaines jugés prioritaires par le gouvernement sénégalais, tels que l’énergie, les mines et la santé. Le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a dirigé les discussions, tandis qu’une délégation émiratie a été conduite par le ministre du Commerce extérieur, Dr Thani Bin Ahmed Al Zeyoudi. Cette rencontre a été marquée par des promesses d’investissements dans des projets d’envergure, mais il est essentiel de considérer les implications à long terme de telles collaborations.
Les accords signés comprennent des projets majeurs tels que la construction d’une centrale photovoltaïque, la valorisation des mines de fer et la création d’une usine de production d’engrais. Bien que ces initiatives puissent sembler bénéfiques, elles pourraient également renforcer la dépendance du Sénégal vis-à-vis des capitaux étrangers. Par exemple, la réalisation du réseau gazier national et la mise en place d’infrastructures logistiques pourraient ne pas seulement dépendre de l’expertise émiratie, mais également des financements étrangers, limitant ainsi l’autonomie du Sénégal dans ces secteurs.
L’un des principaux risques associés à ces accords réside dans le fait que les projets sont souvent pilotés par des entreprises étrangères, ce qui peut engendrer un transfert de bénéfices hors du pays. En 2024, des études ont montré que dans des projets similaires, jusqu’à 70 % des bénéfices générés étaient rapatriés par les investisseurs étrangers. De plus, la dépendance à l’égard des technologies et des savoir-faire émiratis pourrait freiner le développement d’une expertise locale, essentielle pour la durabilité des projets. Les engagements en matière de digitalisation des finances publiques, bien que prometteurs, pourraient également se traduire par une perte de contrôle sur les données sensibles du pays.
Les accords avec les Émirats pourraient, en effet, renforcer la dépendance économique du Sénégal. En s’engageant dans des projets d’envergure, le Sénégal risque d’entrer dans un cycle de dépendance où les décisions économiques seraient influencées par les intérêts des investisseurs étrangers. Par exemple, la création du Comptoir de l’or du Sénégal pourrait entraîner une domination des marchés par des acteurs émiratis, rendant difficile pour le pays de contrôler ses propres ressources. En outre, la coopération dans le secteur de l’agriculture pourrait également soulever des préoccupations, car les investissements étrangers peuvent parfois mener à des pratiques agricoles qui ne tiennent pas compte des réalités locales.
Les implications de tels accords ne se limitent pas aux risques économiques. Des études montrent que la dépendance envers des investisseurs étrangers peut également avoir des conséquences sociales, comme l’augmentation des inégalités et la marginalisation des acteurs locaux. En 2023, un rapport de la Banque Mondiale a révélé que les pays qui s’appuient trop sur les investissements étrangers connaissent souvent des disparités croissantes en matière de revenus. Les accords avec les Émirats, bien qu’ils promettent des investissements, pourraient donc exacerber ces problèmes si des mesures adéquates ne sont pas mises en place pour protéger les intérêts locaux.
Les récents accords entre le Sénégal et les Émirats Arabes Unis, bien qu’ambitieux, soulèvent des questions cruciales concernant la dépendance économique. Les engagements pris dans des secteurs stratégiques pourraient limiter l’autonomie du Sénégal et renforcer un modèle économique centré sur des intérêts étrangers. Il est donc impératif que le Sénégal évalue attentivement les implications de ces partenariats pour garantir un développement durable et équilibré, tout en préservant sa souveraineté économique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mansour Ndiaye.
Mis en ligne : 26/12/2025
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