Souvenons nous de : Makhouredia Gueye - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Art & Culture | Par Maimouna | Publié le 08/04/2023 02:04:00

Souvenons nous de : Makhouredia Gueye

Né en 1928 à Pire où il a débuté ses études, Makhourédia Gueye a suivi sa famille dans ses pérégrinations avec de se fixer à Thiès. Il obtint son certificat d’études avant d’apprendre, très jeune, la comptabilité.

Puis, il décroche un contrat pour le Mali. Avant de prendre sa retraite dans cette profession en 1983, il a longuement séjourné dans le pays d’Amadou Toumani Touré, notamment dans la ville de Kati, où a commencé sa vie artistique en créant l’Idéal jazz, qui a animé des soirées entre Mopti, Ségou, Gao, Bobo Dioulasso et Sikasso. Comme instrumentiste, il a joué la guitare, la batterie, le banjo, l’accordéon, la trompette avant de choisir définitivement le saxophone. Avec Bira Gueye, il a créé, en 1950, le groupe Harlem Jazz, un groupe qui jouait de la valse, du tango, du paso, du boléro, de la biguine, de la morna, du boogie-woogie…

Rentré au Sénégal, il s’est fait découvrir dans la comédie à travers la pièce « Tere-tere mu të » (plus connue sous l’intitulé : « Opération xamb »), reprise en 1980 par la troupe « Daaray Kocc ». Mais Makhourédia Gueye a tiré son nom d’une pièce radiophonique à grand succès populaire en 1964, à l’Office de radiodiffusion du Sénégal (Ords, ancêtre de la Rts). Intitulée « Makhourédia Gueye, chauffeur de taxi », avec des acteurs comme El Hadj Mor Mbaye et « Rassikhona » (Badara Diop), elle retraçait le quotidien social sénégalais de l’époque et les tribulations d’un père de famille nombreuse confronté à la difficile équation de la dépense quotidienne. Le cinéma a aussi profité de ses talents. En effet, sous la direction de feu Sémbène Ousmane, il a joué dans les films « Le Mandat » en 1968, aux côtés de Younouss Séye et Isseu Niang, « Xala » (1974), avec Douta Seck et « Ceddo » (1976). On l’a aussi retrouvé dans « Hyènes » de Djibril Diop Mambéty (1992).

Il a commencé le théâtre dans le groupé Yewu, mais sa renommée s’était déjà faite sur les hippodromes. Connu alors à Louga sous le nom de Petit GUEYE, il était l’un des meilleurs jockeys de l’Afrique occidentale française ancienne (Aof).

Avec la disparition de Makhourédia GUEYE (de son vrai nom Mamadou Gueye), dans la nuit du Samedi 5 au Dimanche 6 avril 2008, à l’âge de 84 ans, aprés une longue maladie, c’est l’ensemble du monde culturel qui est éploré. En effet, plus célèbre dans le théâtre, l’artiste n’en est pas moins un musicien et un acteur de cinéma. Ce, pendant plus d’un demi-siècle. Celui qui se plaisait à répéter qu’il a débuté sa carrière théâtrale en 1945 avait le don, en compagnie de son inséparable ami, Oumar BA alias Baye Peulh, de faire rire le public à gorge déployée, tout en touchant du doigt les tares de la société sénégalaise.

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Selon Pape Demba Ndiaye, directeur artistique de la troupe Daaray Kocc, « Makhourédia Gueye était un homme de bien, un grand artiste. Entre lui et la troupe, c’était une longue histoire d’amour. Au début des années 80, quand la troupe venait de naître d’une scission de Jamoney Tey, il avait déjà pris sa retraite. C’est avec la formation de Daaray Kocc qu’il est revenu sur les planches. Les artistes expérimentés étaient à Jamoney Tey, alors que Daaray Kocc était formée de jeunes de la trempe de Moustapha Diop, Cheikh Tidiane DIOP et Babou Faye etc. Et, c’est pour avoir un homme d’expérience, pétri de théâtre que nous avions fait appel à lui, pour qu’il vienne encadrer la troupe. C’est le téléfilm « Opération Xamb », où il tient le rôle principal, qui a relancé sa carrière. C’est aussi le premier grand succès de la troupe. Il disait : « Entre Daaray Kocc et moi, c’est jusqu’à la mort, et à ma mort, que Daaray Kocc m’emmène à Touba pour m’y enterrer ».

Il suffisait de les apercevoir ensemble pour être pris d’un fou rire. Depuis une trentaine d’années, ces deux vieillards devenus inséparables provoquent l’hilarité chez tous ceux qui ont eu l’occasion de regarder leurs sketches, leurs pièces à la télévision ou leurs spots publicitaires. Ils se sont connus en 1976, à l’Asecna où ils travaillaient. Makhourédia Gueye y était comptable, alors que Baye Peul, après une carrière militaire, y servait comme chauffeur. C’est là qu’est née leur complicité. Si bien qu’après la mort du premier, le second a annoncé qu’il arrêtait le théâtre.

Il est parti après avoir visité tous les compartiments de l’art sénégalais (musique, théâtre et cinéma). Seulement, il est à déplorer qu’il soit mort sans assistance. Un sort qu’il partage avec nombre d’artistes du pays qui, après avoir égayé et éduqué les populations, ont disparu dans l’anonymat et le dénuement.
Le décès de Makhourédia Gueye repose encore, avec acuité, le problème de la finde carrière tragique des artistes sénégalais.

En effet, après avoir égayé et éduqué le peuple, ils meurent souvent dans le dénuement le plu total. Les exemples de Laba Sosseh, Ndiaga Mbaye, Aminata Fall, Isseu Niang, Doudou Sow, etc. sont encore vivaces dans nos mémoires. Peut-être que le Prix « Makhourédia Gueye », institué en 2004 par le label « Malèye production », sera plus appuyé afin de redynamiser le théâtre populaire.

Article de : Packo Jazz

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