As-tu déjà vu un jeune Africain rougir parce qu’il ne sait pas danser le sabar (Ndawrabine), le ndombolo ou le coupé-décalé ? C’est plus fréquent qu’on le croit. Et c’est une honte. Pas pour lui, mais pour nous tous. Car pendant que nos corps s’alignent sur des chorégraphies importées à la vitesse de l’algorithme, nos danses, nos vraies danses, s’éteignent doucement dans le silence des générations.
L’importance des danses traditionnelles ne se limite pas à un simple folklore : elles sont au cœur de notre identité, de notre histoire et de notre résistance culturelle.
Le sabar (Ndawrabine) n’est pas un spectacle folklorique pour touristes de passage. C’est une langue. C’est une mémoire. Un cri lancé par le corps, pour dire « je suis là, je suis d’ici, et j’existe ». Chaque saut, chaque frappe de tambour, chaque déhanchement est un acte de résistance contre l’effacement. Mais aujourd’hui, qui le transmet encore ? Qui le vit ? On en parle parfois, on le montre dans les cérémonies, mais trop souvent comme un vieux souvenir à honorer de loin. Pas comme un feu à entretenir. C’est là toute l’importance des danses traditionnelles : elles doivent vivre dans le quotidien, dans le cœur des jeunes générations, pas seulement comme un témoignage figé.
Et que dire du coupé-décalé ou du ndombolo ? Ces danses sont nées dans la douleur, dans les marges, dans les crises. Elles ont transformé la souffrance en mouvement, la galère en fête. Le coupé-décalé, c’était un doigt d’honneur aux règles du jeu. Le ndombolo, un exutoire populaire, un cri collectif. Ces danses, c’était des réponses. Mais aujourd’hui, elles sont réduites à des clichés TikTok, à des mouvements exagérés, sans histoire, sans âme. On rit de ce qui, jadis, portait notre rage et notre dignité. C’est pourquoi l’importance des danses traditionnelles dépasse le simple divertissement : elles sont une arme culturelle contre l’oubli et l’aliénation.
Le vrai scandale, c’est qu’on a laissé nos danses devenir décoratives. Des animations. Des archives. On a cessé d’en faire des piliers de notre identité. On préfère copier ce qui vient d’ailleurs, pensant que c’est “moderne”. On oublie que la modernité ne signifie pas l’oubli, mais la transformation. Le progrès, ce n’est pas la coupure, c’est la continuité. Nos danses doivent vivre, oui, mais vivre dans le cœur de notre quotidien, pas juste sur les scènes de musée ou les festivals une fois l’an.
Danser africain, ce n’est pas être coincé dans le passé. C’est se lever, affirmer son origine, se reconnecter à l’histoire. C’est être debout dans un monde qui nous veut à genoux. Alors non, ce n’est pas ringard. C’est révolutionnaire. C’est urgent.
Tant qu’on ne dansera plus avec notre âme, tant qu’on ne sentira plus vibrer nos racines dans nos pas, on ne sera jamais vraiment libres. Danser, ce n’est pas juste bouger. C’est se souvenir. C’est résister. C’est exister. Alors dansons. Mais dansons vrai. Ou taisons-nous à jamais.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Amélie Diop.
Mis en ligne : 28/05/2025
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