Disparition d’un cinéaste : Une perte pour le cinéma français - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Nécrologie | Par Emmanuel | Publié le 25/04/2024 05:04:51

Disparition d’un cinéaste : Une perte pour le cinéma français

Jusqu’au bout, Laurent Cantet avait espéré de terminer son dernier film, L’Apprenti, qui devait sortir en salles cette année. Mais son destin a décidé autrement. Le lauréat de la Palme d’or en 2008 est décédé « ce matin à Paris de maladie », à l’âge de 63 ans, a déclaré son agent Isabelle de la Patellière.

En 2008, Laurent Cantet avait mis fin à une période de malchance pour le cinéma français en devenant le premier réalisateur français depuis Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat en 1987 à remporter la Palme d’or avec Entre les murs. Le film avait été récompensé à l’unanimité du jury présidé par Sean Penn.

L’histoire, la confrontation entre un professeur idéaliste et les élèves dans un collège réputé difficile du 20e arrondissement de Paris, avait passionné des millions de cinéphiles et déclenché des débats politiques sur l’état et le projet de l’école républicaine.

Cantet, lui-même fils d’instituteurs affichant des valeurs de gauche, avait toujours défendu la diversité, l’humain et les faibles. Pour cela, il avait décliné à l’époque l’invitation à l’Élysée, parce qu’il ne se voyait pas poser aux côtés de Nicolas Sarkozy, créateur du ministère de l’Identité et celui qui voulait nettoyer les banlieues au Kärcher.

Né le 11 avril 1961 à Melle, dans les Deux-Sèvres, Laurent Cantet développe très tôt une fascination pour l’image. Après l’obtention du bac, il est admis à la faculté de photographie de Marseille. Mais très tôt, l’appareil photo et son univers de laboratoire laissent place à la vidéo. Il réussit l’accès à l’Idhec, l’institution qui avait précédé la Fémis, qui le félicite en 1987 pour son premier court métrage L’Étendu. Il empoche son diplôme avec son film de fin d’études, Chercheurs d’or.

Dans tous ses projets cinématographiques, il a gardé une fibre sociale, pas avec le poing levé comme Ken Loach, mais avec l’œil aiguisé, l’âme ouverte et une caméra qui ne tremble pas… En 1999, dans Ressources humaines, il raconte l’aventure humaine d’un jeune diplômé d’une grande école de commerce parisienne.

Hélas, le jeune stagiaire réalise qu’il est censé appliquer un plan de licenciement dans la même usine où son père, ouvrier, travaille depuis plus de 30 ans. Au-delà du public, Cantet séduit les professionnels du cinéma : après le Grand prix du film français au Festival du film de Belfort, il sera consacré aux César 2001 avec le prix pour la meilleure première œuvre de fiction.

Dans Arthur Rambo, son dernier film sorti en 2021, Laurent Cantet questionnait le potentiel de destruction des réseaux sociaux à partir de l’histoire d’un jeune romancier prometteur, rattrapé par ses anciens commentaires antisémites, homophobes, racistes et sexistes sur internet.

Ce jeudi 25 avril s’est achevé la vie de ce réalisateur fin et si facilement ému, dont l’œuvre, surtout ses neuf longs métrages, nous accompagneront encore longtemps. Le Festival de Cannes a rendu hommage à « un humaniste acharné, qui cherchait la lumière malgré la violence sociale, qui trouvait l’espoir malgré la dureté de la réalité ».

Article écrit par : Emilie Dème

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