Emmanuel Macron, Président de la République française, s’est récemment illustré par des critiques acerbes contre certains pays africains, les qualifiant d’« ingrats ».
Cette déclaration survient dans un contexte où des nations africaines, comme le Sénégal sous la direction de son Premier ministre Ousmane Sonko, réclament ouvertement la fin de la présence militaire française sur leurs sols. Ces propos soulèvent une question fondamentale : qui a réellement trahi qui ?
Pendant des décennies, l’Afrique a été le théâtre d’une présence militaire française ostensiblement justifiée par la lutte contre le terrorisme et le maintien de la stabilité. Pourtant, cette présence s’est souvent traduite par des ingérences politiques, un pillage systématique des ressources et une mainmise sur les économies locales.
Les populations africaines, loin d’être des « ingrats », ont simplement ouvert les yeux sur une réalité qui perdure depuis l’époque coloniale : un partenariat déséquilibré qui profite davantage à Paris qu’aux nations africaines.
La trahison, si elle existe, n’est-elle pas plutôt le fait de cette France qui, sous couvert d’amitié et de coopération, a maintenu l’Afrique dans un état de dépendance économique et militaire ? La trahison réside-t-elle dans le fait que des dirigeants africains, tels qu’Ousmane Sonko, osent aujourd’hui réclamer leur souveraineté et une relation fondée sur le respect mutuel ?
L’éveil africain que Macron qualifie d’« ingratitude » est en réalité une réponse légitime à des décennies de frustrations. Les populations africaines ne veulent plus d’un paternalisme déguisé en partenariat. Elles demandent une rupture claire avec un système néocolonial qui perpétue leur appauvrissement. Le retrait des troupes françaises, réclamé par plusieurs nations, symbolise cette volonté de prendre en main leur destin.
Le discours de Macron reflète une incompréhension fondamentale des aspirations africaines. Ce n’est pas de la trahison, mais une quête de justice. L’Afrique ne cherche pas à renier ses liens historiques avec la France ; elle exige simplement que ces liens soient rééquilibrés, sans domination ni condescendance.
À bien y réfléchir, la véritable trahison, celle que l’Histoire retiendra, sera celle de ceux qui ont voulu maintenir un continent entier sous leur joug, tout en s’offusquant de le voir se lever. Si défendre sa souveraineté est un crime, alors l’Afrique est coupable. Mais elle est surtout coupable d’avoir enfin compris que sa libération ne viendra que par elle-même.
La question reste donc ouverte : qui a trahi qui ? L’Afrique, qui exige un partenariat juste, ou une France qui refuse de lâcher prise sur ses anciens « pré-carrés » ?
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Marie Diop
Mis en ligne : 10/01/2025
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