Le phénomène tragique de l’exil, auquel de nombreux Sénégalais, comme tant d’autres Africains, sont confrontés chaque année, ne cesse d’attirer l’attention médiatique, mais aussi l’indignation de ceux qui croient encore en l’humanité.
L’histoire d’un migrant sénégalais, qui passe de l’image du pauvre réfugié à celle du criminel meurtrier, est une véritable catastrophe à plusieurs niveaux, qui soulève des questions profondes sur les causes de la violence et l’impact psychologique des voyages migratoires.
Lorsque l’on parle de migration, on évoque souvent le rêve d’une vie meilleure, un avenir plus radieux loin des souffrances de la pauvreté et de la violence en Afrique. Le Sénégal, tout comme d’autres pays du continent, est marqué par une forte émigration, en raison des inégalités économiques, du manque d’opportunités et d’un avenir incertain.
Pour beaucoup, l’Europe, ou même d’autres régions plus développées, semble offrir une promesse de prospérité et de sécurité. Mais le rêve, si fragile soit-il, se heurte à une réalité bien plus cruelle.
Mais plus grave encore est le phénomène de déshumanisation auquel beaucoup de migrants se retrouvent confrontés une fois arrivés en Europe.
Accueillis en tant qu’étrangers, envahisseurs ou menaces par une partie de l’opinion publique, ils sont traités comme des objets, des chiffres dans des statistiques d’immigration. L’inconnu devient une terreur, et dans ce climat de peur, il n’est pas rare que des individus sombrent dans la violence ou l’aliénation psychologique.
Lorsqu’un migrant sénégalais est impliqué dans un acte criminel, comme le meurtre, cela ne doit pas être perçu uniquement sous l’angle du fait divers tragique, mais également comme le symptôme d’une société malade. L’exil n’est pas seulement un voyage physique, c’est aussi un voyage émotionnel et psychologique. L’isolement, le rejet et la perte d’identité peuvent pousser certains au bord du gouffre, jusqu’à commettre des actes irréparables.
Il est facile de stigmatiser un individu en disant qu’il a « choisi » la voie du crime. Cependant, il est crucial de se demander si la violence ne résulte pas d’un ensemble de facteurs plus complexes. Les frustrations accumulées, le choc culturel et l’incompréhension face à une société qui semble impénétrable peuvent transformer des vies fragilisées en explosions de violence.
Les politiques migratoires restrictives et les discours haineux contre les migrants n’aident en rien à résoudre ce phénomène. Au contraire, elles renforcent un climat de tension et de méfiance. Les autorités, plutôt que d’investir dans l’intégration des migrants, préfèrent se concentrer sur des solutions de plus en plus radicales comme l’expulsion ou l’enfermement.
Du migrant sénégalais au meurtrier : un parcours marqué par des violences systémiques, psychologiques et sociales. Ce phénomène n’est pas uniquement un problème de l’individu, mais un symptôme d’une société qui a oublié l’humanité dans son rapport à l’exil. Chaque meurtrier n’est pas seulement un criminel ; parfois, il est aussi le produit d’une société défaillante, incapable d’offrir un véritable accueil.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Juliette Ndiaye.
Mis en ligne : 12/02/2025
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