Après près de dix ans de lutte, la Cour suprême a mis fin, jeudi dernier, à un bras de fer judiciaire qui opposait les défenseurs de l’environnement à l’État. Dans une décision qui résonne comme un coup de massue pour les habitants de Bargny, la plus haute juridiction du pays a rejeté le recours du Réseau des associations pour la protection de l’environnement et la nature (Rapen), confirmant ainsi la pérennité de la centrale à charbon de Bargny.
Le 30 décembre 2023, le Rapen, accompagné de plusieurs associations locales et internationales, avait saisi la Cour suprême pour exiger l’annulation du permis d’exploitation et la fermeture de la centrale.
Leur argument : des violations présumées du Code de l’environnement et des engagements du Sénégal envers la protection écologique. Mais, malgré des années de batailles juridiques, la décision de la Cour a été sans appel, laissant une vague d’amertume au sein des populations locales, déjà accablées par les conséquences de cette installation.
Depuis son installation en 2017, la centrale à charbon de Bargny est source d’inquiétude pour les riverains et les défenseurs de l’environnement. Selon le journal, près de 70 000 habitants subissent de plein fouet les effets de cette infrastructure classée « incommode, insalubre et dangereuse ». Pollution de l’air, poussière de charbon emportée par les vents, nuisances sonores et contamination des produits de la mer, les critiques sont nombreuses.
En particulier, le site de transformation de Khelcom, qui emploie de nombreuses femmes, est particulièrement vulnérable. Le Rapen alerte sur la présence d’hydrocarbures dans les produits issus de la pêche, mettant en danger la sécurité alimentaire de toute la région. « La vie de toute une communauté est menacée », s’inquiète l’organisation, qui craint même la disparition de Bargny sous l’effet cumulatif de ces dommages environnementaux.
Les habitants de Bargny, qu’ils soient agriculteurs, éleveurs ou mareyeurs, redoutent les répercussions économiques et sanitaires de la centrale. L’espoir d’un recours international ou d’une pression diplomatique reste désormais limité, tandis que les autorités, de leur côté, défendent la centrale comme un projet énergétique clé pour le développement du pays.
Bargny est-elle condamnée à vivre sous la menace de cette pollution ? Pour le Rapen et les associations écologiques, ce verdict de la Cour suprême ne met pas un terme à la lutte. Mais, sur le terrain, un sentiment de désespoir s’installe, et l’avenir de cette ville autrefois paisible semble s’assombrir davantage.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 14/02/2025
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