À 73 ans, Germaine Acogny incarne la fusion parfaite entre l’héritage culturel africain et la danse contemporaine. Plus qu’une simple artiste, elle est une pionnière dont la carrière transcende les frontières de l’art, inspirant des générations de danseurs à puiser dans leurs racines pour nourrir leur créativité. À travers l’École des Sables, qu’elle a fondée au Sénégal, elle a créé un espace unique de formation qui s’est imposé comme un centre d’excellence pour les danseurs africains et internationaux.
Germaine Acogny est reconnue mondialement pour sa capacité à marier les rythmes ancestraux d’Afrique de l’Ouest aux mouvements contemporains. Ses spectacles, souvent exécutés pieds nus et vêtue de vêtements amples, sont un témoignage vivant de cette fusion entre puissance et fluidité. La danseuse n’hésite pas à dire que ses plus grandes influences sont les danses patrimoniales de son pays, soulignant ainsi l’importance de la culture dans la construction de son art. Sa technique unique, qui mélange tradition et modernité, a ouvert une nouvelle voie pour la danse contemporaine, mettant en valeur l’authenticité et la puissance des traditions africaines.
Fondée dans un cadre naturel et isolé du Sénégal, l’École des Sables est un lieu où la danse africaine se modernise tout en restant fidèle à ses racines. Ce centre d’excellence est un carrefour culturel, où les danseurs, qu’ils soient venus de tout le continent ou d’ailleurs, partagent leurs traditions tout en perfectionnant leur art. L’école incarne une vision de la danse africaine qui va au-delà de la performance : c’est un espace de création, de réflexion et d’enrichissement mutuel, où les élèves de tous horizons trouvent une formation complète. Des témoignages, comme celui de Mohamed Y. Shika, un danseur égyptien, soulignent l’impact de cet espace unique : « Nous n’avons jamais eu d’Égyptiens avant, mais j’ai voulu être le premier à venir », confie-t-il.
L’impact de Germaine Acogny dépasse largement les frontières de l’Afrique. Par des créations comme Mon Elue Noire, en collaboration avec Olivier Dubois, elle aborde des thèmes universels comme le colonialisme, tout en résonnant profondément avec son propre parcours personnel. Même à 73 ans, elle continue de surprendre le public avec sa vitalité et son énergie, prouvant ainsi que la danse ne connaît ni âge ni limites.
Son fils, Patrick Acogny, met en lumière l’unicité de la technique qu’elle a créée, soulignant qu’elle est la seule à avoir codifié une danse africaine. Ce travail de formalisation et d’organisation d’une tradition orale est une contribution majeure à la danse contemporaine, et l’École des Sables demeure le seul lieu où cette technique est enseignée avec rigueur et passion.
Germaine Acogny a su laisser un héritage durable, non seulement par ses performances exceptionnelles mais aussi par son engagement à transmettre son savoir. « Je ne sais pas ce qui restera ou si je serai oubliée, mais j’aurai laissé ma technique et une école », confie-t-elle. Et, en effet, son impact est inaltérable : l’École des Sables continue de former des danseurs qui perpétuent son enseignement, et son nom est désormais indissociable de la danse contemporaine en Afrique. Sa reconnaissance internationale, symbolisée par le festival Kaay Fecc de l’Institut Français de Dakar, témoigne de la portée de son œuvre.
Germaine Acogny reste une figure incontournable de la danse contemporaine, une artiste qui incarne à la fois la tradition et l’innovation. À travers son travail, elle a montré que la danse est une forme d’expression intemporelle et que l’art peut et doit se nourrir des racines pour se réinventer. Son héritage perdurera à travers chaque danseur qu’elle a formé et chaque spectateur qu’elle a touché. Germaine Acogny nous rappelle, avec une simplicité profonde, que pour aller de l’avant, il faut toujours savoir d’où l’on vient.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Tapha Thiam.
Mis en ligne : 31/03/2025
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