Assez de silence. Assez d’indifférence. Derrière les murs invisibles des prisons sénégalaises, ce sont des milliers de vies qu’on abandonne. Le système carcéral actuel ne corrige rien, ne réinsère personne, n’humanise pas. Il punit sans fin, il détruit sans bruit. C’est un scandale national que nous acceptons trop facilement.
La prison de Rebeuss, symbole de l’échec de notre politique carcérale, accueille plus du double de sa capacité. Cela ne choque plus. On y entasse des êtres humains comme du bétail. La promiscuité est telle que certains dorment à même le sol, sans couverture, parfois sans lumière, sans soins. La nourriture y est rationnée, les soins médicaux presque inexistants, l’hygiène une lutte quotidienne. Et le plus grave : cette violence est devenue banale.
La prison est censée être un lieu de justice et de réinsertion. Au Sénégal, elle est un espace de désespoir. Qui peut sérieusement croire qu’un détenu ressortira meilleur après avoir survécu à ce traitement ? Ce système ne prépare pas au retour dans la société. Il prépare à la récidive, à la marginalisation, à l’effacement pur et simple.
Et que dire des femmes ? Des mères ? Des jeunes filles ? Leurs besoins spécifiques sont ignorés. Quant aux mineurs, censés être protégés et éduqués, ils sont enfermés dans des établissements dépassés, sans encadrement digne de ce nom. Un mineur en prison est un cri d’échec de tout un pays.
Mais où est la volonté politique ? Où sont les réformes promises ? Où est l’investissement réel dans la dignité humaine ? Quelques formations par-ci, deux ou trois projets par-là ne suffisent pas. Il faut repenser radicalement le système. Construire des établissements modernes, renforcer l’accès aux droits des détenus, garantir des soins, mettre en place de vrais programmes de réinsertion, et surtout, cesser de remplir les prisons de personnes en détention préventive pendant des mois, voire des années, sans jugement.
La prison ne doit plus être un lieu de vengeance sociale. Elle doit redevenir un espace de justice et d’avenir. Ce combat, c’est celui de notre humanité. Nous ne pouvons plus détourner les yeux.
Les détenus sont des citoyens. Leur dignité est notre responsabilité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Drame.
Mis en ligne : 14/04/2025
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