La guerre commerciale que Donald Trump a allumée comme une mèche sous un baril de poudre vient d’exploser en plein vol. Dernier rebondissement : la Chine, géant de l’aviation civile, claque la porte à Boeing. Suspension des livraisons, arrêt des achats de pièces américaines – Pékin frappe là où ça fait mal. Et ce ne sont pas que les dirigeants de Boeing qui blanchissent : c’est tout le secteur aéronautique mondial qui vacille.
Derrière cette décision chinoise se cache une vérité dérangeante : les représailles tarifaires ne tombent pas du ciel, elles répondent à une logique dangereuse initiée par la Maison Blanche. En visant les produits étrangers avec des droits de douane, Trump pensait peut-être relancer la production américaine. En réalité, il est en train de précipiter une industrie mondialisée dans les turbulences.
Il faut rappeler un fait simple : construire un avion n’est pas l’affaire d’un seul pays. Il faut environ trois millions de pièces, venues des quatre coins du globe. Des composants européens, des systèmes électroniques asiatiques, des matériaux composites nord-américains… L’aviation est un puzzle international. Et en décidant de taxer certaines pièces, Donald Trump remet en question un équilibre vieux de plus de 40 ans : celui d’un accord international exonérant les produits aéronautiques civils de toute taxe.
Résultat ? Les chaînes d’approvisionnement s’enrayent. Boeing, qui dépend largement de ses échanges avec la Chine, voit un quart de ses exportations menacées. Airbus, qui assemble une partie de ses avions aux États-Unis, n’est pas épargné non plus : les pièces importées pour construire l’A320 en Alabama sont désormais surtaxées, avec un surcoût estimé à 5 ou 6 millions de dollars par appareil. Pour les long-courriers assemblés en France, c’est encore pire : jusqu’à 70 millions de dollars supplémentaires à la vente. Une folie économique.
Dans ce chaos tarifaire, les compagnies aériennes nord-américaines ne savent plus à quel fuselage se vouer. Delta Airlines, par exemple, préfère repousser ses commandes. Et on comprend pourquoi : qui veut payer une surtaxe de 20% sur un avion qui coûte déjà des centaines de millions ? Du côté d’Airbus, on tente de rassurer, en affirmant que c’est au client final d’assumer la note. Mais en réalité, tout le monde cherche à refiler la patate chaude. Et ce sont les passagers, à terme, qui risquent d’en faire les frais.
Le plus ironique dans cette histoire ? C’est que la politique tarifaire de Trump fait davantage de mal à l’économie américaine qu’à ses rivaux. Boeing, fleuron national, perd du terrain. Les équipementiers, qui importaient des composants de l’Union européenne, cherchent en urgence des alternatives. Et les avions fabriqués aux États-Unis deviennent tout simplement… trop chers.
Certes, une concession a été faite : les pièces venues du Canada et du Mexique ne sont pas concernées par les nouvelles taxes. Mais cela ne sauvera pas l’ensemble d’un secteur dont le moteur repose avant tout sur la fluidité des échanges.
Quand la politique se mêle de mécanique de précision, elle finit souvent par casser des engrenages. Ce bras de fer commercial, loin de relancer l’industrie nationale, met en péril des milliers d’emplois, fragilise les géants de l’aviation, et laisse entrevoir un avenir où voler coûtera plus cher – économiquement et stratégiquement.
À trop vouloir jouer au protectionniste, Donald Trump risque d’isoler les États-Unis… à 30 000 pieds d’altitude.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Raoul Bodian.
Mis en ligne : 20/04/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.