Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale force d’opposition, n’a pas réussi à se mobiliser jeudi 24 avril, au lendemain de l’exclusion de son candidat Tidjane Thiam de la présidentielle du 25 octobre. À Abidjan, seuls quelque 200 militants se sont brièvement rassemblés au siège du parti avant de se disperser, sans mener la marche prévue vers le tribunal.
Aucune mobilisation n’a été signalée à l’intérieur du pays. Ce rassemblement, perçu comme un test pour jauger l’aura de M. Thiam, 62 ans, ancien banquier international basé en France, s’est soldé par une déception.
Pour Ousmane Zina, politologue à l’Université de Bouaké, « cette faible mobilisation est le résultat d’un doute et d’une incertitude au sein du PDCI ». Il estime que Tidjane Thiam doit encore « convaincre sur son leadership ».
Sur place, certains militants expriment leur frustration. « À chaque fois que le parti repousse les actions, ça retarde le processus pour faire de Thiam le candidat », déplore Maria Blanc, commerçante. Mais d’autres, comme Daniel N’Guessan, restent mobilisés : « Ce n’est pas grave, au prochain rendez-vous on sera là ».
Mercredi, le chef des députés du PDCI, Simon Doho, avait pourtant appelé à une mobilisation nationale devant chaque tribunal. Mais les manifestations sont quasi systématiquement interdites, malgré leur autorisation théorique. Le gouvernement, par la voix d’Amadou Coulibaly, avait mis en garde : « Le désordre ne sera pas toléré. Ce n’est pas une menace, c’est un conseil ».
La tension politique s’est accentuée ces dernières semaines, après l’éviction de plusieurs figures de l’opposition, dont l’ancien président Laurent Gbagbo. L’exclusion de Tidjane Thiam, radié mardi de la liste électorale pour cause de perte de nationalité ivoirienne, a envenimé la situation. Le tribunal a estimé qu’il n’était plus ivoirien après avoir acquis la nationalité française en 1987, malgré sa renonciation récente.
Thiam reste combatif : « C’est moi ou personne, nous ne présenterons pas d’autre candidat », a-t-il déclaré à l’AFP. Une nouvelle procédure judiciaire pourrait néanmoins l’écarter de la tête du PDCI. Une militante conteste sa légitimité à cause de sa double nationalité passée. L’affaire sera examinée le 8 mai.
Pendant ce temps, le parti au pouvoir reste silencieux sur son candidat. Mais le président sortant, Alassane Ouattara, 83 ans, a laissé entendre qu’il pourrait briguer un nouveau mandat : « Désireux de continuer à servir son pays », a-t-il déclaré.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 24/04/2025
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