Il ne suffit pas de renverser un Bongo pour parler de révolution. Le Gabon a vu tomber Ali Bongo Ondimba dans un silence pesant, aussitôt remplacé par un militaire au sourire glacé : Brice Clotaire Oligui Nguema.
Depuis, l’illusion d’un changement s’entretient à coups de discours patriotiques, de selfies avec des artistes et de quelques audits superficiels. Mais qu’a-t-on vraiment changé au Gabon, à part le nom de celui qui préside ?
Brice Oligui Nguema, général formé dans les arcanes de l’armée gabonaise, a longtemps servi sous Bongo père et fils. Il fut leur homme de confiance, le garant silencieux du régime clanique et prédateur. Comment croire qu’un tel homme, enraciné dans les logiques du système, puisse soudainement se métamorphoser en libérateur d’un peuple qu’il a longtemps contribué à museler ? Ce n’est pas une révolution, c’est une permutation.
Les symboles forts manquent, ou plutôt, ils sont soigneusement évités. Aucune rupture franche avec la Françafrique. Aucun procès réel contre les pilleurs de l’État. Aucun audit sérieux sur les fortunes de la famille Bongo qui continuent de se prélasser à l’étranger. Le train de vie présidentiel reste intact, les vieilles figures du PDG (Parti Démocratique Gabonais) continuent de rôder autour du pouvoir, et les élites affairistes n’ont jamais été aussi à l’aise. Quelle révolution tolère encore l’impunité comme mode de gouvernance ?
Pire encore, Oligui Nguema s’installe doucement dans les travers classiques des militaires arrivés au pouvoir : concentration des pouvoirs, culte de la personnalité, populisme de façade. Le dialogue national a été vidé de sa substance par une mise en scène grotesque, où les opposants les plus critiques sont marginalisés ou réduits au silence. Pendant ce temps, le peuple attend, observe, se fatigue… et désespère.
Non, il ne s’agit pas d’un vent nouveau. Il s’agit d’une brise tiède chargée des relents d’un vieux régime. Le peuple gabonais mérite plus qu’un simple changement d’uniforme au sommet. Il mérite une justice implacable contre les fossoyeurs de son avenir, un État qui protège plutôt qu’il ne pille, une économie libérée des griffes du clan Bongo et de ses satellites.
L’histoire jugera sévèrement ceux qui ont confondu le silence des fusils avec l’espoir du peuple. Brice Oligui Nguema avait l’occasion d’être le premier vrai artisan d’une transition courageuse. Il semble avoir choisi d’être le continuateur discret d’un système dont le Gabon ne veut plus. Ce n’est pas une révolution. C’est une farce.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Omaar Dembo
Mis en ligne : 24/04/2025
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