Parmi les terres fertiles et les cultures abondantes du Sénégal, la région de Kolda reste curieusement en marge du développement national. Pourtant, ce territoire regorge de ressources humaines, agricoles et culturelles qui auraient dû le placer au centre de la stratégie d’émergence.
Mais il n’en est rien. La région de Kolda est l’illustration parfaite d’une richesse piégée dans l’oubli, d’un potentiel sacrifié sur l’autel de l’indifférence étatique.
À Kolda, les jeunes sont nombreux, mais les perspectives sont rares. Le chômage y est chronique, non pas par manque de volonté ou de compétence, mais parce que les infrastructures de base – routes, écoles, centres de formation sont insuffisantes, parfois inexistantes. Le désenclavement est un mot creux pour les habitants de Saré Yoba ou de Médina El Hadj. Chaque saison de pluie transforme les routes en pièges, isolant encore plus des populations déjà marginalisées.
Le système de santé à Kolda est à l’image de la politique sanitaire nationale : fragile, déséquilibré et sous-équipé. Les femmes enceintes parcourent parfois des dizaines de kilomètres pour trouver un poste de santé ouvert, sans garantie d’y trouver un médecin. À l’heure où l’on parle de couverture sanitaire universelle, il serait temps que l’État commence par garantir une présence médicale minimale dans cette région.
L’agriculture, qui pourrait être un levier de développement pour la région de Kolda, est freinée par l’absence de politiques durables. Les producteurs, livrés à eux-mêmes, souffrent du manque d’accès aux intrants, au matériel agricole et aux marchés. Les efforts déployés par les agriculteurs et éleveurs locaux sont souvent annihilés par le manque de stockage, la précarité des prix et l’impossibilité d’exporter ou même de vendre dignement leurs produits.
Il faut aussi parler du tissu éducatif : des écoles sous-abritées, des enseignants non remplacés, des élèves entassés dans des classes sans lumière. Comment espérer une élite locale solide si les fondations sont bancales ? Le découragement gagne les familles qui voient leurs enfants abandonner les études par défaut de moyens, ou pire, par absence d’alternative.
Ce que Kolda subit, c’est une double peine : celle de l’éloignement géographique, et celle de l’éloignement politique. Ce département ne manque pas de leaders locaux, mais ces derniers peinent à s’imposer sur la scène nationale ou à obtenir des avancées concrètes pour leur population. L’État doit cesser de traiter Kolda comme une périphérie secondaire, et commencer à l’intégrer pleinement dans les dynamiques de développement, pas uniquement à la veille des élections.
L’heure est venue de rompre le silence autour de Kolda. Il ne s’agit pas de tendre la main, mais d’exiger ce qui est dû. L’équité territoriale, ce n’est pas un slogan ; c’est un impératif. Et tant que Kolda restera un département qu’on visite, qu’on promet, puis qu’on oublie, l’avenir du Sénégal restera incomplet.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Tamsir Tall.
Mis en ligne : 28/04/2025
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