Riche en terres, affamée par choix politique : Sécurité alimentaire en Afrique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 06/05/2025 02:05:11

Riche en terres, affamée par choix politique : Sécurité alimentaire en Afrique

L’Afrique a tout pour nourrir le monde, mais peine à nourrir ses enfants. Ce paradoxe est une honte collective que trop peu osent nommer. La sécurité alimentaire de l’Afrique est un échec fabriqué, entretenu par des élites passives, des politiques agricoles incohérentes et une dépendance externe aussi absurde que dangereuse.

Sur un continent qui concentre 60 % des terres arables non exploitées de la planète, comment expliquer que des millions d’Africains soient encore à la merci des importations de blé, de riz ou même de légumes congelés venus d’Europe, d’Asie ou d’Amérique du Sud ?

Les chiffres sont révoltants. Chaque année, l’Afrique importe pour des milliards de dollars de denrées alimentaires qu’elle pourrait produire localement. On importe du lait en poudre quand les vaches locales meurent faute de soins vétérinaires. On fait venir du riz asiatique pendant que le riz cultivé au Mali, en Guinée ou au Sénégal pourrit, faute de transformation ou de canaux de distribution efficaces. C’est le monde à l’envers, et tout le monde fait semblant de ne pas voir.

L’agriculture africaine est maintenue à genoux. Les investissements sont rares, les paysans sont laissés à eux-mêmes, et les banques ne financent que les projets agricoles « rentables » sur papier — souvent pilotés par des investisseurs étrangers qui exploitent la terre sans développer les communautés locales. Pendant ce temps, les gouvernements préfèrent signer des accords de libre-échange alimentaire plutôt que de bâtir une vraie politique agricole souveraine. Résultat : nos marchés sont envahis de produits importés bon marché, qui tuent à petit feu les filières locales.

Le problème est aussi culturel : les élites africaines ne croient pas à l’agriculture. Pour elles, c’est une activité du « village », un secteur archaïque, indigne de l’ambition continentale. Elles préfèrent parader dans des forums internationaux sur la sécurité alimentaire, tout en négligeant les routes rurales, les systèmes de stockage, l’accès aux semences locales ou à l’eau d’irrigation. On parle de souveraineté alimentaire, mais les décisions réelles sont prises dans les bureaux de la Banque mondiale ou de la FAO.

Et si nous disions enfin la vérité : ce n’est pas une fatalité. C’est une trahison. L’Afrique peut se nourrir. Elle a la terre, la jeunesse, le savoir-faire traditionnel, et maintenant la technologie. Ce qu’il manque, ce n’est pas la pluie : c’est la volonté politique, la vision stratégique, et surtout le courage de rompre avec un système économique hérité de la colonisation qui voit l’Afrique comme un réservoir de ressources brutes et un marché captif pour les produits finis.

Tant que nous accepterons d’être dépendants pour manger, nous resterons dépendants pour exister. Il est temps que les peuples d’Afrique réclament des comptes à ceux qui nous gouvernent. Parce qu’un continent qui ne peut pas se nourrir seul n’est pas libre. Il est affamé. Et complice de sa propre soumission.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Robert Faye.
Mis en ligne : 06/05/2025

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