Parler de reforestation en Afrique sonne bien. Cela rassure les bailleurs, fait rêver les ONG et donne bonne conscience aux gouvernements. Mais derrière le beau nom de « Grande Muraille Verte », ne cachons plus la vérité : ce projet est à la dérive, plus politique que pragmatique, plus vitrine que forêt.
Lancée en 2007 avec une ambition titanesque, planter une barrière verte de 8 000 kilomètres à travers le Sahel devait sauver la région de la désertification, relancer l’agriculture, fixer les populations rurales et lutter contre le changement climatique.
Dix-sept ans plus tard, le constat est amer : moins de 20 % de l’objectif est atteint, et encore, les chiffres sont souvent enjolivés pour séduire les financeurs internationaux.
Ce projet a bénéficié d’annonces fracassantes, de conférences internationales et de milliards de dollars promis. Pourtant, les arbres peinent à pousser dans des zones où les températures frôlent les 50 degrés, où l’eau est un luxe, et où les populations locales ne sont souvent même pas impliquées dans la mise en œuvre. Reboiser le Sahel comme on plante un parc en Europe est une aberration écologique. Il ne suffit pas de planter, il faut maintenir. Et dans les zones arides, la mortalité des jeunes plants dépasse parfois 80 %.
La réalité, c’est que la Grande Muraille Verte est devenue un outil de communication pour capter des financements internationaux. Le problème n’est pas le manque d’argent, mais sa mauvaise gestion. Les populations locales sont rarement au cœur du processus. Pire encore, des projets sont implantés sans concertation, sans prendre en compte les savoirs locaux, sans infrastructures pour accompagner la survie des plantations.
Vouloir reverdir le Sahel sans traiter les vraies causes de la dégradation des terres, pauvreté, accaparement des ressources, conflits, mauvaise gouvernance, c’est mettre un pansement sur une hémorragie. Ce qu’il faut, ce ne sont pas des projets de prestige, mais des actions concrètes et durables, menées avec les communautés, pas contre leurs réalités.
La reforestation peut marcher à condition de changer de modèle. Plutôt que des projets centralisés, il faut soutenir les initiatives agroécologiques locales, encourager les techniques traditionnelles comme la régénération naturelle assistée, et mettre les paysans au cœur du processus. L’Afrique n’a pas besoin de murs, elle a besoin de racines.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pa Yoro.
Mis en ligne : 07/05/2025
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