L’objectif de la couverture santé universelle (CSU) d’ici 2030 est noble, mais dans le contexte africain, il est largement utopique. Derrière les discours optimistes des sommets internationaux et les slogans politiques, la réalité est plus crue : les systèmes de santé africains sont encore trop faibles, trop inégalitaires et trop dépendants pour prétendre garantir à tous un accès équitable aux soins dans un délai aussi court.
Depuis que l’Organisation mondiale de la santé a fait de la couverture santé universelle un pilier du développement durable, l’Afrique a multiplié les plans et les engagements. Mais le fossé entre les promesses et les faits est béant.
Dans plus de la moitié des pays africains, l’accès aux soins de base reste un luxe pour des millions de personnes, surtout dans les zones rurales où les centres de santé sont rares, mal équipés et souvent dépourvus de personnel qualifié.
La majorité des pays africains investissent moins de 5 % de leur PIB dans la santé, bien en dessous des recommandations internationales. Les systèmes de protection sociale sont embryonnaires, et la charge financière des soins repose encore sur les individus eux-mêmes, ce qui plonge des familles entières dans la pauvreté à cause d’un simple accès aux soins. La volonté politique existe-t-elle vraiment ? On peut en douter. Les budgets de la santé sont souvent les premiers à être sacrifiés, et la corruption mine de nombreux systèmes de gestion. Dans ce contexte, atteindre une couverture santé universelle d’ici 2030 relève plus du slogan que d’une stratégie réaliste.
Le recours massif aux ONG et à l’aide internationale pour compenser les faiblesses nationales ne fait que masquer l’échec structurel. Pire : il installe une dépendance chronique et empêche les pays de développer de vraies politiques publiques autonomes et durables. Peut-on vraiment parler de couverture santé universelle quand elle dépend des bailleurs étrangers ?
Il y a pourtant des signes d’espoir : l’innovation technologique, les start-ups de e-santé, les applications mobiles de diagnostic, ou encore les expériences communautaires de mutualisation. Mais ces initiatives restent isolées, sous-financées, et trop souvent déconnectées des politiques de santé nationales.
Prétendre que l’Afrique atteindra la couverture santé universelle d’ici 2030, c’est fermer les yeux sur les vrais défis et entretenir un mirage qui peut détourner les énergies de solutions plus réalistes et adaptées.
Ce qu’il faut, ce n’est pas courir après une date imposée par les grandes institutions, mais construire patiemment des systèmes de santé solides, équitables, enracinés dans les réalités locales. La santé ne se décrète pas à Genève, elle se construit sur le terrain.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Diana Ba.
Mis en ligne : 16/05/2025
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