Quand 90 % des patients atteints de cancer de la vessie présentent du sang dans les urines, on pourrait croire que cela suffirait à alerter les autorités sanitaires et à déclencher des mesures concrètes. Pourtant, ce signal d’alarme est souvent ignoré, minimisé, relégué au rang de symptôme banal.
La vérité est brutale : des milliers de personnes voient leur vie basculer parce qu’aucun système de prévention digne de ce nom n’a été mis en place pour alerter la population dès les premiers signes. Où sont les campagnes de sensibilisation ? Où est l’accès simplifié aux examens de dépistage ? L’inaction s’accumule, et les vies se brisent.
Le parcours diagnostique du cancer de la vessie est long, technique et complexe. Cytologie, échographie, cystoscopie, biopsie, scanner… Tous ces examens existent, mais à quel prix, et pour qui ? Combien de patients renoncent, faute de moyens ou de couverture médicale ? Combien de généralistes sous-équipés hésitent à prescrire ces examens coûteux ? Le problème n’est pas médical : il est politique. Tant que la santé sera gérée selon des logiques comptables, les malades du cancer de la vessie continueront de payer, parfois de leur vie.
Ce cancer ne tombe pas du ciel. Tabac, exposition professionnelle à des produits chimiques, environnement pollué : les causes sont identifiées depuis longtemps. Pourtant, les travailleurs continuent d’être exposés, les industriels ne sont pas inquiétés, et l’État regarde ailleurs. La prévention, ce n’est pas distribuer des tracts dans une salle d’attente : c’est agir en amont, réguler, interdire, surveiller. Mais cela dérange. Cela coûte. Alors on laisse faire. Ce choix politique porte un nom : abandon.
Les patients, eux, n’ont pas le luxe d’attendre qu’un système les prenne enfin au sérieux. Ils vivent avec la peur, l’attente, l’errance médicale. Ils font face à des symptômes qui apparaissent, disparaissent, et à des diagnostics souvent posés trop tard. Et quand la maladie progresse, les traitements lourds, mutilants, épuisants s’enchaînent. Où est le droit à une prise en charge précoce ? Où est l’égalité d’accès aux soins ? En matière de cancer de la vessie, cette égalité reste un mirage.
Ce n’est pas un manque de moyens, c’est un manque de volonté. Le cancer de la vessie est un enjeu de santé publique ignoré parce qu’il touche en majorité les oubliés du système : ouvriers, fumeurs, personnes âgées. Tant que ces vies seront jugées négligeables, aucune politique ambitieuse ne verra le jour. Face à cette indifférence institutionnelle, seule une pression citoyenne massive pourra contraindre les décideurs à agir. Refuser cette inaction, c’est défendre une justice sanitaire pour tous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Doudou Fall.
Mis en ligne : 19/05/2025
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